Cette année, l’observation marocaine du début de l’Aïd El Fitr semble avoir été la plus rigoureuse dans le monde musulman. Pour une fois le royaume n’a pas été la cible de critiques de la part de religieux et d’universitaires du Moyen-Orient, comme c’était le cas lors de la célébration de la fête du sacrifice du mouton de 2014. 

Les nouvelles en provenance de certains pays de la région MENA évoquent une erreur commise par les services compétents dans l’annonce de la fin du mois de Ramadan. L’Arabie saoudite aurait distribué 1,6 milliard de Rials (environ 393 millions d’euros) aux pauvres en guise de « kaffâra (expiation) ». Les autorités saoudiennes ont ainsi appliqué la règle imposant à celui qui rompt le jeune du Ramadan volontairement de nourrir 60 pauvres à l’ensemble des citoyens du royaume. Elles auraient en effet confondu le croissant lunaire de Chawwal avec la planète Saturne et proclamé l’Aïd El Fitr un jour trop tôt.

C’est ce qu’a révélé Mohamed Ennejemi, membre de l’Académie du Fiqh islamique, organisme officiel basé à Djeddah, dans des déclarations à la chaîne Al Arabiya reprise par une publication en ligne. Il faut rappeler que ce n’est pas la première fois que les Saoudiens commettent une telle erreur de calcul. La version de ce religieux a été corroborée par un communiqué d’une association locale d’astronomie. L’organisation a même proposé d’installer deux petites stations d’observations permanentes pour ne pas tomber chaque année dans les mêmes travers.

Effet de dominos
Des erreurs qui ne concernent pas uniquement les Saoudiens mais des centaines de millions de musulmans qui choisissent pour des considérations politiques ou religieuses de suivre l’exemple de Riyad. En Tunisie, une des victimes de l’erreur saoudienne, le « Mufti de la république » est au cœur d’une polémique.

Des médias avancent que Hamda Said aurait présenté ses excuses au peuple, soulignant que la date exacte de l’Aïd était le samedi et non pas la veille. Des rumeurs démenties par le cabinet d’Al Iftaâ sur sa page Facebook. Néanmoins dans la soirée de jeudi, un article publié sur un site d’actualité local s’interroge sur les raisons du retard de l’annonce de l’Aïd. Le papier reproche à l’autorité religieuse sa complaisance envers l’Arabie saoudite.

Le cas de l’Algérie est similaire à son voisin de l’Ouest. Là aussi une association d’astronomie se basant sur les calculs astronomiques avait penché pour l’Aïd le samedi. A cet effet, elle a même invité le ministère des Affaires islamiques de ne pas « valider une prétendue observation du croissant qui pourrait lui parvenir le jeudi soir, fut-elle locale ou d’un autre pays arabe, et qui irait à l’encontre des données astronomiques irréfutables ».

En Europe, les représentants des communautés musulmanes ont préféré suivre l’Arabie saoudite et annoncer l’Aïd avant même le coucher du soleil. C’est une tradition et une solution de compromis qui épargne aux représentants des instances islamiques d’afficher pendant quelques heures une unité de façade. Mais l’erreur de l’Arabie Saoudite si elle était confirmée pourrait peut-être changer la donne la prochaine fois.

Source: yabiladi.com