samedi 31 octobre 2015

Jean Christophe Ruffin : " Depuis ma rencontre avec S. Salihou, je n'ai plus bu une goutte d'alcool"

Révélation de Jean Christophe Ruffin ancien ambassadeur de France au Sénégal :
" Depuis ma rencontre avec Cheikh Salihou Mbacké le fils de Cheikh A. Bamba, je n'ai plus bu une goutte d'alcool. Il était sans conteste l´homme le plus influent du Sénégal.
Très impressionnant.
Après l´avoir vu, je suis rentré à la résidence et n´ai plus eu envie de boire une goutte d´alcool. Je n´ai pas compris, mais cela ne me manque pas".Il faut dire que le saint homme était loué pour ses qualités d'érudit exceptionnel et de grande renommée!"

72 heures avant le rappel à Dieu de Serigne Touba

VIDÉO > Importante déclaration du Khalife par la voix de Serigne Mountakha. Regardez!


lundi 26 octobre 2015

[Reportage RFI] Au Gabon, les mourides préparent leur Grand Magal

Les fidèles de la puissante confrérie sénégalaise des mourides préparent leur pèlerinage vers la ville sainte de Touba au Sénégal : le Grand Magal. Il aura lieu dans un mois, et pour mieux appréhender cet événement qui marque la déportation au Gabon du créateur de la confrérie, Cheikh Ahmadou Bamba, la haute hiérarchie de la confrérie a choisi de camper durant une semaine au Gabon. Ce dimanche 26 octobre, la très forte délégation venue du Sénégal et les mourides du Gabon ont organisé un mini-pèlerinage sur les traces de Cheikh Ahmadou Bamba à Libreville.


Vêtus de leurs grands boubous, ils ont marché fièrement dans les rues de Libreville, au Gabon, brandissant les portraits et banderoles à la gloire du créateur de leur confrérie,Cheikh Ahmadou Bamba.
Les mourides du Sénégal et du Gabon étaient à la mosquée de Montagne sainte, où priait leur guide, pour la première étape de leur procession, ce dimanche 26 octobre.
« C’est une fierté vraiment pour nous d’être au Gabon parce que Cheikh Ahmadou Bamba a vécu dans ce pays-là », a déclaré un mouride sénégalais, au milieu des chants des « frères ». Puis le cortège des fidèles a cheminé sur le débarcadère où Cheikh Ahmadou Bamba avait accosté en 1895.
« Aujourd’hui on est en train de préparer le Grand Magal de Touba pour les Mourides. Cheikh Ahmadou Bamba, c’est quelqu’un que les Blancs ont amené ici en exil. C’est pour cela qu’on a commencé ici la mobilisation », a expliqué un autre membre de la délégation sénégalaise.
La troisième étape de la procession a été le débarcadère où le fondateur du mouridisme avait embarqué pour regagner son pays, le Sénégal, après sa punition au Gabon.
Le pèlerinage s'est achevé devant la mosquée centrale à la grande satisfaction de Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre, petit-fils d'Ahmadou Bamba : « Je crois qu’aujourd’hui, toute la communauté des mourides est heureuse et fière. »
Cheikh Ahmadou Bamba fut résistant sénégalais. Les colons français l'avaient déporté au Gabon où ils espéraient le voir mourir. Détenu à Libreville, Port-Gentil et Mayumba, il regagna son pays sept ans plus tard.

Source: rfi.fr

jeudi 22 octobre 2015

Tounkara est-il devenu mouride ? [Par A. Aziz Mbacké Majalis]



Tounkara est-il devenu mouride ?
Cette question, triviale au demeurant, risque pourtant d’être la plus débattue dans nos chaumières à la parution de ce livre. Tellement, devant notre tribunal social, le « délit de faciès religieux », prend souvent le pas sur la « preuve » par les idées. Alimentant du coup, pour le cas d’espèce, la puissance de la clameur publique, ou, pour user d’un terme à la mode, le « buzz » qui va, je l’espère vivement, accueillir ce remarquable « bréviaire du Mouridisme » que nous propose Mamadou Sy Tounkara.
En effet, avec ce livre, vous avez la chance de tenir entre vos mains, Bienheureux Lecteur, un excellent cours sur le Mouridisme. L’un des meilleurs, serait-on même tenté de dire, parmi les récentes publications du genre. Et dont l’un des caractères les plus séduisants à nos yeux est le souci évident de l’auteur pour la simplicité pédagogique. Ceci, en dehors des habituelles et inutiles complexités ou autres circonvolutions recherchées dont la préciosité intellectuelle alourdit, chez nous, souvent et malheureusement, l’accès des masses aux grandes idées. L’auteur analyse dans ce livre, y dissèque, résume, clarifie, à l’intention surtout du grand public, on le sent, les grandes lignes des enseignements du Serviteur du Prophète (PSL).
Cependant, en choisissant de classifier les « Piliers du Mouridisme » en sept catégories (Science, Unicité divine, Sunna, Observation du licite et de l’illicite, Travail, Ndigël et Hadiyya), l’auteur déroge à un consensus académique bien établi. Celui de la majorité des chercheurs mourides qui, eux, avaient jusqu’ici l’habitude de synthétiser ces derniers dans le tryptique « Savoir – Pratique – Bonne Conduite » (‘Ilm - ‘Amal - Adab), ou celui plus populaire de « Ligééy – Jaamu Yàlla – Teggiin » (« Travail – Adoration – Bonne conduite). A la place de ce « dogme » prédominant, Tounkara a pris l’option iconoclaste – l’on sait bien son goût immodéré des sentiers non battus et de l’innovation - d’ « éclater » ces piliers synoptiques en plusieurs axes fonctionnels, accessibles au grand nombre et facilement assimilables. Tout en étant conformes - et c’est tout à son mérite - aux enseignements légués par le Fondateur dans ses écrits et à ce que lui-même connaît des principes premiers de l’Islam.
Un tel choix, loin d’être fortuit, nous paraît même très révélateur sur la nature de la perspective d’analyse de l’auteur et, partant, du véritable sens qu’il donne à l’œuvre de Cheikh A. Bamba. En effet, l’importance de l’œuvre de Cheikh A. Bamba est apparemment double chez Tounkara. Et c’est là l’un des intérêts, à nos yeux, de sa démarche.
Le premier intérêt que l’auteur trouve apparemment dans l’étude et la vulgarisation des enseignements de Serigne Touba est qu’ils sont de nature à faciliter le retour de beaucoup de musulmans – dont les Sénégalais, les mourides, au premier chef – à l’orthodoxie islamique. A l’authenticité du message prophétique dont la mission fondamentale du Saint Homme fut la rénovation constante et la réhabilitation auprès de ses contemporains, chez son peuple et pour l’humanité tout entière. Un retour sans lequel notre pays, malgré ses célèbres 95% de musulmans, risquera sans doute, pour l’auteur, de se contenter à terme, disons, de moins de 5% de bons et véritables musulmans conformes au modèle prophétique. Pour Tounkara donc, l’actualisation et un vécu plus rigoureux des principes enseignés par Cheikh A. Bamba – qui fut, rappelons-le, un Sénégalais, un Africain, un Noir – est l’un des meilleurs moyens de « réformer » certains comportements et dévoiements observés chez son peuple. Plus que le recours à d’éventuelles références exogènes dont la portée du message se heurte souvent à la carapace socioculturelle de l’identité confrérico-nationale de l’Homo-sénégalensis moderne.
L’autre utilité que Mamadou Sy Tounkara semble, à nos yeux, percevoir dans le projet de société de Cheikh A. Bamba est justement cette « nouvelle citoyenneté » pour laquelle il ne cesse de militer. Pour lui, les Sénégalais gagneraient à extraire du corpus doctrinal, à priori « religieux », du message du Serviteur du Prophète (PSL), la quintessence sociétale, économique, politique, culturelle, technologique, qui en fera un outil plus efficace ; mieux, un « système » complet, s’enracinant dans les profondeurs de nos réalités, tout en s’ouvrant aux vents fécondants de tous horizons. Un système qui pourra enfin nous réconcilier avec nous-mêmes, en nous extirpant de l’ornière postcoloniale et ses idéaux inadaptés, car rafistolés par des néo-élites préformatées, qui ont jusqu’ici muselé notre génie propre, pour nous mener vers une prise en charge plus déterminée (plus « révolutionnaire », dirons-nous) de nos véritables problématiques de développement, de notre rapport à nous-mêmes et à l’Autre. En somme, vers le « Grand Rendez-vous » du donner et du recevoir universel.
A travers cette démarche salutaire de réappropriation de nos référents culturels, intellectuels et religieux propres, l’auteur réaffirme une fois de plus son ancrage dans la nouvelle génération, que je nommerais de la « Refondation », composée d’intellectuels et d’universitaires francophones sénégalais, de plus en plus nombreux, qui interrogent actuellement de façon critique leur héritage scolaire et réclament ouvertement et sans complexe, sur les médias et sur les réseaux sociaux, la prise en compte intelligente et harmonieuse de leur héritage socioreligieux (sans toutefois tomber dans les pièges des extrémismes et communautarismes dévastateurs). Une ambition nouvelle vers l’édification d’une véritable « République sénégalaise » qui, seule, pourra élever notre pays, notre continent, au rang des premières nations du monde, que nous avions résumée dans un de nos ouvrages, par cette interrogation existentielle : « Comment une nation, qui se trouve quotidiennement obligée de porter les habits taillés pour d’autres personnages, astreinte de monter, aussi fantasquement accoutrée, sur une scène mondialisée à laquelle elle ne s’est pas assez préparée, pour jouer un rôle burlesque dont les dialogues furent écrits dans une langue non maîtrisée, pourrait-elle offrir un spectacle autre que grotesque au monde et à l’Histoire ? »
Ainsi, à travers l’œuvre du Professeur Bamba, le Doctorant Mamadou Sy aspire-t-il dispenser et rappeler ces leçons magistrales fort utiles à ses camarades de classes sénégalais et surtout mourides. Dont l’élite et les disciples portent une responsabilité historique dans la non maitrise de ces leçons par les autres classes de l’Ecole du Peuple.
Une énième « lettre ouverte » de notre brillant et non moins bouillant chroniqueur national, cette fois-ci adressée aux mourides ?
Plus qu’une lettre, à nos yeux ; une véritable « feuille de route », pour qui sait lire entre les lignes du livre. Pour les « doués d’intelligence ». Mourides ou non. Toute critique, implicite ou non, dans ladite « feuille de route » (voir sa nouvelle-fiction « Touba l’intelligente »), étant juste la preuve de l’ « enthousiasme frustré » d’un admirateur du Mouridisme. Un admirateur qui se désole que beaucoup de ces mourides justement ne mesurent pas encore assez les potentialités énormes de leur doctrine du travail, de leurs capacités d’unité, de mobilisation financière et intellectuelle, d’éducation, qui, à elles seules, à la seule condition d’être mieux organisées et planifiées, peuvent, plus qu’aucune autre idéologie, faire « émerger » ce pays (en « Senegal ca kanam »). Un admirateur qui s’afflige que les propriétaires de mines de diamants que nous sommes se contentent d’y cultiver encore des bananes, avec un engouement n’ayant de pendant que notre ignorance de la valeur de nos sous-sols. Qu’avec l’or pur des valeurs fortes qui nous fut légué, nous en soyons encore à fabriquer de vulgaires clous.
Alors, pardi, Tounkara n’est-il pas donc un mouride ?
Non, Tounkara n’est pas mouride. Si vous réduisez le « Mouridisme » à une confrérie (ce que n’avait pas fait son « Fondateur »). Si votre « Mouridisme » se résume à un ensemble sociologique d’adeptes, caractérisés par un habillement typique, des manifestations et pratiques particulières. Si pour vous, le bon « mouride » doit nécessairement porter un « Baye-Lahad » et un « makhtoumé » bourré de « dollou khassaïdes », vous saluer avec un « sujóot » vigoureux avec un joyeux « Akassa ! ». Non, Tounkara n’est pas un « mouride ».
Mais Tounkara est bien un Murîd.
Au sens d’un musulman qui cherche avec âpreté et persévérance, avec sincérité et rigueur, la Vérité. Sans concession. Un croyant qui « aspire » (Arada) trouver Dieu et dont l’une des ambitions les plus fortement ancrées est le bonheur pour son peuple, pour les musulmans, pour toute l’humanité ; ici-bas et dans l’Au-delà. Un sénégalais qui a su dépasser les cloisonnements artificiellement entretenus entre musulmans, sur la seule base de l’appartenance confrérique ou de l’obédience (Chiite/Sunnite, Soufi/Salafite), pour retrouver, en Khadimou Rassoul, la profonde unité intangible de l’Islam et de l’enseignement du Prophète, son Maître et « Miséricorde pour les mondes » (Coran). Les « mondes » ? Quels « mondes » ? Celui des seuls sénégalais ou des seuls « mourides sociologiques » ? Non, pardi. Ceux de toutes les créatures de Dieu auxquelles s’adressait Serigne Touba dans son appel universel : « Ô Gens des terres et des mers ! Accourez sans tarder vers le Vertueux Messager, hâtez-vous tous vers cet Océan de Générosité ! » (Mawâhibu Nâfih, v. 101). Alors, certes, sous ce nouveau rapport de l’Appel Universel, Tounkara sera bien un Murîd.
Et c’est peut-être cela, qui sait ?, la figure du futur Murîd...

La Fraternité Musulmane entre Touba et Tivaouane au cœur du Magal de Darou Khoudoss 2015

Le magal de Darou Khoudoss, commémorant le rappel à Dieu de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (1853-1927), a fait l’objet d’un comité régional de développement (CRD), mercredi à Diourbel, sous la présidence du gouverneur, Mouhamadou Moustapha Ndao.
Une forte délégation du comité d’organisation a pris part à la rencontre, sous la direction de son coordonnateur, Serigne Cheikh Aliou Mbacké.
L’édition de cette année, dont la célébration est prévue le 02 novembre prochain, sera marquée par une « innovation majeure » avec le montage d’une exposition sur la vie et l’œuvre d’Elhadji Malick SY.
« Il y a toujours eu d’excellentes relations entre Touba et Tivaone. Vous savez, Elhadji Malick Sy et Serigne Touba partagent le même ancêtre, Mame Mahrame Mbacké », a notamment souligné Serigne Khadim Aliou Mbacké au nom du comité d’organisation.
« Donc, tout ce que nous faisons ici à Touba, nous le faisons aussi au nom de Tivaouane. Tout ce qui se fait à Tivaone se fait aussi au nom de Touba. Donc, nous n’avons fait que rendre à César ce qui lui appartient », a-t-il déclaré.
Pour la réussite de l’événement, toutes les préoccupations du comité d’organisation ont été largement abordées au cours de la réunion. Les questions soulevées ont trait entre autres à la santé, à l’hydraulique, à l’électricité, à la sécurité et à l’hygiène.
« Nous avons passé en revue toutes les difficultés que nous avons rencontrées lors de l’édition précédente et les chefs de service régionaux nous ont donnés des assurances par rapport aux solutions que nous avons envisagées », a indiqué Serigne Khadim Aliou Mbacké.
Selon lui, ces derniers « ont pris l’engagement qu’ils ne ménageront aucun effort pour que les décisions qui ont été prises soient suivies d’effet ».

mercredi 21 octobre 2015

ZOOM SUR LE CAFÉ TOUBA Une Boisson Sanctifiée Par Cheikh Ahmadou Bamba

Le «café Touba» est devenu, par la force des choses, une boisson très prisée, qui voit ses consommateurs augmenter de jour en jour. C’est un véritable phénomène qui mobilise beaucoup de jeunes dans un commerce aux contours non encore définis dans le marché. Qu’est-ce qui explique cette forte consommation du «café Touba» ?
Le « café Touba » est une boisson composée de café aromatisé au poivre de Guinée, ou piment nor (diar, en Oulof), une épice tirée du fruit séché du Xylopia aethiopica. Ce café a d’abord été désigné sous le vocable de «café saaf» par de nombreux Sénégalais. L’appellation «café Touba» se réfère à la ville de Touba, fondée par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, en 1887, plus qu’un nom de ville. «Touba», dérivé d’un mot arabe, «Tûbâ», qui signifie «béatitude». Et c’est bien à ce bonheur qu’invite le « café Touba ». Il connaît un grand succès au Sénégal et bien au-delà. Suite à un exil au Gabon, décidé par l’autorité coloniale française en 1902, Cheikh Ahmadou Bamba ramena le « café Touba » en guise de cadeau. «Suite à son séjour parmi des populations d’origines différentes, il constata l’effet tonifiant du café sur les colons Français et décida de le ramener à sa communauté», rapporte Serigne Fallou Ndiaye. Le «café Touba» est sélectionné parmi les meilleurs cafés du monde (Robusta, Arabica, Santos, Brésilien…) Il est associé au cours de sa préparation au poivre de Guinée ou «diar en Oulof», également appelé (Xylopia Aethiopica), indispensable, pour relever le goût du « café Touba ».Il faut l’écorcer, le dépoussiérer, le trier minutieusement, le rincer et le sécher. Il faut ensuite le torréfier au feu à une température et pour un temps bien précis. Le tout moulu, tamisé et, au besoin, mis dans des emballages adaptés.
Entre bénédiction et addiction
Pour les mourides, le « café Touba » représente, au-delà de  la boisson, l’expression concrète de leur appartenance au mouridisme, mais aussi un moyen qui les rapproche des bénédictions du Cheikh. Dans les «daaras», les maisons et même dans les lieux de travail, être talibé de Serigne Touba rime avec « café Touba ». Cependant, depuis un certain temps, la consommation du «café Touba» a pris des proportions exceptionnelles. Il est consommé par beaucoup de Sénégalais, de tous âges et sexes confondus (mourides, autres confréries et même des non musulmans). La vente du « café Touba » est une activité qui mobilise de nombreux jeunes. En attendant de trouver mieux, ils sont, aujourd’hui, nombreux à s’engouffrer dans la brèche ouverte par la vente de ce produit. Les jeunes vendeurs de « café Touba » se comptent par plusieurs dizaines dans les rues, les marchés, les grands rassemblements et autres cérémonies religieuses. Les populations prennent le fameux « café Touba » dans de petites tasses en plastique, à 50 Francs Cfa ; le verre de « café Touba » bien chaud et légèrement mousseux. Le business autour du « café Touba » est de nos jours l’un des plus accessibles pour les jeunes. Ils refusent d’abdiquer, se disant que «la bonne volonté raccourcit le chemin» et en même temps, ils y trouvent leur compte.

samedi 17 octobre 2015

Cheikh Abdou Khadre, « Borom Bagdad » et Imam des Imams. Touba se rappelle !

Cheikh Abdou Khadre Mbacké, imam de la grande mosquée de Touba, 4ème Khalife de Cheikh Ahmadou Bamba aura été, durant son séjour terrestre, un roc de stabilité pour son immense savoir, sa générosité et sa dévotion inconditionnelle à Allah. Ceux qui l’ont pratiqué, mieux que ceux qui l’ont « connu », auront du mal à se départir de ce vague sentiment de solitude à jamais acquis depuis le rappel à Dieu du quatrième Khalife de Touba, un certain dimanche, 13 mai 1990. Djily avait alors 75 ans?! Aujourd’hui encore, les fidèles Mourides et la Ummah Islamique continuent à regretter Cheikh Abdou Khadr Mbacké, un exemple de piété, de générosité et d’humanité mêlées. Chacun, en ce saint homme, pourra regretter ce qu’il aura le plus approuvé. De la générosité à la piété, en passant par l’immense savoir, tout mouride aura à regretter une source à jamais intarissable, une mamelle nourricière prodigue en avantages de toutes sortes. Il n’était certes pas le plus âgé de la famille du Cheikh Ahmadou Bamba, mais il avait un charisme tel que tous ses frères reconnaissaient et acceptaient implicitement son autorité morale, par sa droiture, son désintérêt des choses de ce monde, son peu d’attachement aux biens terrestres.

Une naissance sublime

Le Magal de Cheikh Abdou Khadre Mbacké est également une occasion pour revivre les circonstances ayant accompagné la naissance de ce saint homme. À ce propos, la tradition raconte qu’après sa naissance, une nuit de vendredi de l’an 1914 (3 Muharram [Tamkharite] de l’an 1333 Hégire) à Daroul Alim à Ndame, commencèrent les bienfaits qui, toute sa vie durant bénéficiaient aux contemporains de l’Imam de Touba. En effet, dès qu’on lui a annoncé l’heureux événement, Cheikh Ahmadou Bamba a convoqué son frère et homme de confiance, Mame Thierno Ibra Faty pour lui confier la mission de se rendre à Ndame afin de faire le nécessaire requis en pareille circonstance. Au moment du départ, après lui avoir donné sa bénédiction, le Maître aurait dit à Mame Thierno : « Au nom et par la baraka de ce nouveau-né que tu vas visiter, sache qu’au cours de ton voyage, à l’aller comme au retour, tous ceux que tu auras à rencontrer ou à voir sont préservés des flammes de l’enfer?! » Ainsi, dès sa naissance, « Borom Bagdad » a commencé à incarner le bras vigoureux par lequel, Bamba a pourfendu tous les obstacles qui se dressent entre les créatures et leur salut. De tout temps, Djily a eu une influence bénéfique sur son entourage. Par la parole et par l’exemple, il a toujours eu à cœur d’inciter ses semblables à se consacrer sans réserve à Dieu et à son Prophète (PSL).

Une réincarnation de Bamba sur terre 

L’imagerie populaire a voulu voir en Serigne Abdou Khadre la réincarnation de Cheikh Ahmadou Bamba sur terre. Pour cause, la plupart des traits de caractère qui ont distingué le fondateur du Mouridisme se retrouvent en Cheikh Abdou Khadre. D’abord, grâce à sa mère Sokhna Aminata Bousso, Djily est de la même lignée que Bamba. Il serait alors un neveu de Bamba, s’il n’avait pas été son fils. Ensuite, sur le plan physique, Cheikh Abdou Khadr n’avait rien laissé de son vénéré père. La ressemblance avec son père était absolument frappante. Même silhouette frêle et menue d’apparence, même vêture sobre, mais adaptée à l’ascèse, même démarche rapide, surtout si la destination est un lieu de dévotion. Leurs traits étaient empreints de la même sérénité et reflétaient le même bienveillant amour pour leur prochain, mais aussi, leur farouche détermination de repousser toute forme de compromis dans le service de Dieu et de son Élu (PSL). La même douce lumière divine illuminait leurs yeux pleins de compassion pour le genre humain. Enfin, tout exactement comme son vénéré père et maître, Serigne Abdou Khadre Mbacké, Imam, aura vécu un séjour terrestre de 75 ans.

Imam de Touba, ami de tout le monde de sa naissance, Djily a hérité une piété si profonde que nul n’est surpris que, tout naturellement, il ait exercé, toute sa vie durant les fonctions d’Imam. D’ailleurs, depuis 1968, date de la disparition de Cheikh Mouhamadou Fallilou Mbacké, il a régulièrement officié à la grande Mosquée de Touba. Il était rare qu’il soit absent de Touba. Toute sa vie durant, il n’a manqué la prière du vendredi à la Grande Mosquée que pendant son séjour en terre saoudienne, pour les besoins du pèlerinage, et durant la dernière semaine ayant précédé son rappel à Dieu. « Borom Bagdad » dirigeait ainsi les offices religieux et procédait lui-même aux prières mortuaires aussi souvent qu’il le pouvait. Un acte positivement interprété par les populations qui y voyaient des preuves, s’il en était encore besoin, d’une profonde humanité, d’une étroite implication dans toute forme d’action dont la finalité est le soulagement, le bonheur des musulmans. 

Imam de Touba pendant 21 ans, tous ses faits, gestes et paroles, étaient calqués sur ceux du meilleur des hommes, le prophète Mohammad (PSL). À l’exemple de son père, Serigne Abdou Khadre montrait, à l’approche de l’heure de la prière, un regain d’enthousiasme frisant même l’euphorie. On le voyait alors s’apprêter avec la dernière minutie. C’est que Bamba a toujours considéré la prière comme une comparution devant le Maître du Trône Suprême. Il fallait donc pour cet instant solennel observer un soin corporel et vestimentaire très minutieux. On pouvait alors voir Serigne Abdou Khadre, délicieusement parfumé, se rendre au lieu de culte d’un pas alerte. Ami de tout le monde, l’Imam de Touba avait une popularité telle que tous les habitants de la cité, à commencer par ses frères, le considéraient comme leur guide. D’une nature généreuse, comme son père, Serigne Abdou Khadre était très prodigue de ses prières sur tous ceux qui le sollicitaient à cet effet, surtout les malades qu’il guérissait de façon quasi miraculeuse si, tout bonnement, il ne « mettait pas la main à la poche » pour régler leurs frais médicaux, les ordonnances y comprises.

Un trait d’union reconnu et accepté

Imam, Khalife et ami, Cheikh Abdou Khadre était également un personnage attachant, qui cherchait à mettre tout son entourage à l’aise en sa présence. Il solidifiait les liens familiaux qu’il entretenait. Ainsi, Djily n’hésitait jamais à rendre visite à des parents ou talibés, quelle que soit la distance. Il aimait rappeler les liens de parenté unissant les uns et les autres. Serigne Abdou Khadre se déplaçait souvent à Porokhane pour prier devant le Mausolée de Sokhna Diarra Bousso, à Derkhélé devant celui de Mame Mor Anta Sali, à Khourou Mbacké où repose Mame Habibou Lahi fils de Mame Diarra, etc. Il aimait à rappeler que tous les musulmans sont frères et doivent s’aimer et s’entraider. Aucune Tarikha n’avait de frontière pour lui. D’autre part, les relations de Serigne Abdou Khadre avec ses frères étaient excellentes et très intimes, mais celles avec Serigne Saliou étaient particulières. Ainsi, une célèbre anecdote raconte que quand Serigne Saliou a voulu prendre le Wird Maakouth, il avait écrit une lettre à Serigne Mbacké Bousso, tout en précisant qu’il souhaitait la médiation de Serigne Abdou Khadre dans la transmission. Ce qui laissait Serigne Mbacké Bousso étonné de la foi de Serigne Saliou en Serigne Abdou Khadre.

Le crépuscule du Khalifat Mouride 

La tradition, certainement pour tenter de résister à l’amertume qui accompagne toujours le souvenir du rappel à Dieu de Cheikh Abdou Khadre Mbacké, assimile son khalifat à la brièveté de la prière du crépuscule. Ainsi, si Mouhamadou Moustapha, premier Khalife de Bamba était la prière de l’aube, Serigne Fallou celle de « Tisbar » et Serigne Abdoul Ahad la prière de « Takussan » (médiane), Cheikh Abdou Khadr était celle de « Timis ». Une relation bien acceptée par les nombreux disciples qui ne cessaient de bénéficier de la grandeur d’âme de ce saint homme au visage angélique. Serigne Abdou Khadre devait en effet, passer onze brèves lunes sur le khalifat de Touba, à un moment où les larmes étaient encore chaudes. Qui pleuraient Serigne Abdoul Ahad Mbacké, son aîné et prédécesseur au Khalifat. Il a fini de remplir sa mission terrestre le 13 mai 1990, laissant le souvenir d’un homme au visage empreint d’une douceur angélique. Par-dessus ses lunettes qu’il portait très bas sur le nez, son regard indulgent traduisait toute la profondeur de son grand cœur, caressait et éclaboussait une généreuse et débordante magnanimité l’assistance venue solliciter ses bénédictions. Alors, c’est tout naturellement que son mausolée situé à l’Est de ce monument incomparable de la Foi qu’il a servie jusqu’à son dernier souffle, refusera du monde aujourd’hui. Puisse son aura et sa baraka rejaillir sur le peuple musulman, et l’inspirer dans sa quête de la béatitude éternelle par le moyen de la constance, dans la voie tracée par Cheikh Ahmadou Bamba. Santé et longévité au Khalife général des Mourides et au second khalife de Serigne Abdou Khadre Mbacké, Serigne Cheikh Mbacké.

jeudi 15 octobre 2015

Journée des Khassaïdes Italie 2015 : L’œuvre spirituelle et littéraire de Serigne Touba revisitée



Plusieurs milliers de personnes, et notamment des mourides ont sacrifié à la tradition avec l’organisation de la journée des «Khassaïdes». Présidée par Serigne Bara Maty Lèye Mbacké, fils et envoyé spécial du khalife général des mourides, cette commémoration qui s’est déroulée ce 10 octobre a battu cette année tous les records d’affluence avec des foules devant de toute l’Europe et même d’ailleurs.

Organisée dans la ville de Prato (province de Toscana), cette journée du « Khassaïdes » a été l’occasion pour la diaspora de revisiter l’œuvre spirituelle et littéraire du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba.
 Par la même occasion, plusieurs activités ont également été au programme. Des récitals du Saint Coran aux milliers de poèmes du vénéré Cheikhoul Khadim, expositions et conférences publiques, la confrérie mouride d’Italie a marqué cette édition. Une manière d’anticiper sur les étapes du prochain Magal de Touba marquant le départ en exil de Serigne Touba.

A cette occasion, Serigne Bara Maty Lèye Mbacké a appelé l’ensemble des « talibés » (disciples) à s’inspirer de la vie et de l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. Le marabout a aussi exhorté les fidèles venant des pays comme la France, l’Espagne, l’Allemagne, la Norvège, la Belgique, entre autres, à préserver le patrimoine de Serigne Touba et ainsi prendre exemple sur les valeurs prônées par le saint-homme. Le représentant du khalife général des mourides, Serigne Cheikh Sidy Mactar Mbacké, a appelé les fidèles à suivre les recommandations de Dieu.

Lecture collective du Saint Coran ce vendredi 16 octobre 2015 dans toutes les mosquées

Le Khalife Général de Mourides Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké a donné recommandation à tous les musulmans sans distinction de confréries à lire de façon collective le saint Coran à trois reprises dans toutes les mosquées.
Cette recommandation a été rendue public par Serigne Mountakha Mbacké à son domicile sis à Darou Minan ce mercredi 14 octobre 2015 en présence de Serigne Bassirou Mbacké ibn Serigne Abibou, président de la ligue des écoles coraniques de Touba.
Le Khalife Général des Mourides a également demandé à tous, hommes, femmes adultes comme jeune de procéder au prélèvement de l’aumône à remettre aux ayant droits qui sont les plus proche de nous.

vendredi 9 octobre 2015

TOUBA : PREMIÈRE VILLE SANS TABAC DU MONDE (S. AZIZ MBACKE MAJALIS)



A la lecture ce cet article sur l'idée des autorités locales de Melbourne (la deuxième ville d'Australie) d'interdire complètement le tabac dans tous leurs espaces publics d'ici 2016, espérant ainsi remporter la palme de « l'une des premières villes au monde sans tabac », nous n'avons pu nous empêcher de leur rappeler que cette palme avait été déjà raflée, depuis 35 ans par une autre ville africaine : Touba ! En effet, c'est depuis le 18 septembre 1980 que Cheikh A. Ahad, troisième Khalife des mourides, avait formellement édicté un Ndigël interdisant cette pratique, en même temps que d'autres jugées contraires à l'Islam, dans la ville sainte. Dire que les sénégalais ne savent pas encore valoriser leurs avancées et certains progrès sur l'humanité... Par complexe du à la « laïcité neutralisante » à la sénégalaise ou à une certaine « mouridophobie » ? Dire que, malgré le vote d'une loi dans notre assemblée nationale, le Sénégal ne parvient pas toujours, au grand dam des associations anti-tabac, à faire respecter cette loi bientôt rangée aux oubliettes. N'est-il pas temps de mieux nous inspirer de nos forces et ressorts culturels endogènes positifs de notre pays pour mieux avancer ?

* * *
Extraits de l'Exposition Internationale « Cheikh A. Bamba : Un Artisan Musulman de la Paix » récemment organisée à Columbia University
- La Ville Sainte de Touba (1888)
Pour retrouver la solitude et le calme propices à l’adoration de Dieu, Cheikh A. Bamba fondit, entre 1887 et 1888, le village de Touba. Il donna au lieu le nom de l’arbre du Paradis « Tûbâ », mentionné une fois dans le Coran (13:29) : « A ceux qui croient et qui font le bien sont réservés la Félicité (Tûbâ) et un excellent lieu de séjour. »
On peut aussi trouver le mot « Touba » dans beaucoup de Traditions du Prophète : « Tûbâ est un arbre du Paradis. L’étendue de son ombre équivaut à cent ans de marche et les habits des gens du Paradis proviendront de ses feuilles. »
- Principes Fondateurs de Touba (1888)
A propos de Touba, Cheikh A. Bamba (appelé aussi « Serigne Touba », le Maître de Touba) affirma qu’il l’avait fondé « dans le but exclusif d’adorer Dieu, l’Unique, et d’obtenir Sa Satisfaction ». Il pria aussi Dieu d’accorder des privilèges particuliers à sa cité : « Puisse-Tu faire de la cité bénite de Touba un lieu d’éducation, de connaissance et de conformité à l’orthodoxie. »
Tous les projets de la communauté mouride à Touba sont tirés de Matlabul Fawzayni, un poème d’imploration à Dieu que Cheikh A. Bamba composa juste après la découverte du lieu. Les Mourides concoivent cette œuvre comme une sorte de constitution pour la ville sainte ; ce qui en a fait un lieu unique et actuellement le plus important axe géographique du paysage islamique sénégalais.
- Première Ville sans Tabac du Monde
La croissance inhabituelle de Touba, surtout à partir des années 80, devenue, en moins d’un sicèle, la seconde ville sénégalaise la plus importante après Dakar (la capitale), et ses différentes caractéristiques (spirituelles, urbaines, démographiques, sociales, économiques etc.) sont d’intéressantes expressions de ses principes fondateurs.
Une autre spécificité de Touba est l’interdiction de produits et de comportements considérés comme contraires au caractère sacré de la cité : drogue, alcool, tabac, port de tenues indécentes, manifestations politiques etc. Touba est ainsi devenue, depuis 1983, la première « ville sans tabac » de l’ère moderne et présente beaucoup d’autres éléments distinctifs (quoique faisant encore face, comme d’autres grandes villes d’Afrique, aux problèmes classiques d’urbanisation que le leadership local essaie de résoudre avec l’aide de l’Etat).

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jeudi 8 octobre 2015

L’Imâm Abd Al-Qâdir Mbacke ibn Khadimu al Khadim (1989-1990)

Hommage a un Imâm du Fiqh et du Tasawwuf Sheikh Al Imam`Abd Al-Qâdir Al Mbakiyu (sa naissance, une nuit de vendredi de l’an 1914 à Daroul Alim (Alimoun Khabir) de NDAME renforce cette impression de symphonie inachevée.

Dès qu’on lui a annoncé l’heureux événement, Cheikh Ahmadou BAMBA a convoqué son frère et homme de confiance, Serigne Thierno Ibra Faty (Mame Thierno) de Darou Moukhty pour lui confier la mission de se rendre à NDAME dans le but de faire le nécessaire requis par la circonstance .
Au moment du départ, après lui avoir donné sa bénédiction, le Maître dit à Mame Thierno : « Au nom et par la baraka de ce nouveau-né que tu vas visiter, sache qu’au cours de ton voyage, à l’aller comme au retour, tous ceux que tu auras à rencontrer ou à voir sont préservés des flammes de l’enfer ! « ) ,il fut un phare de son époque dans les sciences spirituelles et les disciplines relatives à la Loi divine.
Sa réputation fut telle dans les sciences du soufisme et de la sharî`a que certains lui donnèrent le titre de Pôle.

Le sentiment le mieux partagé qui habite la communauté islamique sénégalaise à l’évocation du khalifat de Cheikh Abdou Khadr MBACKE est assurément l’amertume. En effet, seulement onze mois d’exercice pour ce quatrième Khalife de Cheikh Ahmadou BAMBA.
Nous ne pouvons nous départir du sentiment, de la conviction même, que la communauté mouride, en particulier, a trop tôt été sevrée de cette mamelle nourricière si prodigue en avantages, en bénéfices et en profits de toute sorte.

Comme le dit son homonym les paroles n’auront aucun sens; l’apparence des choses est tributaire des actes, car le Très Haut a dit :«entrez au Paradis, pour ce que vous faisiez » S16.
Ainsi, dès sa naissance, Serigne Abdou Khadr a commencé à incarner le bras vigoureux par lequel, Cheikh Ahmadou BAMBA a pourfendu, a fracassé tous les obstacles qui se dressent entre les créatures et leur salut. De tout temps, il a eu une influence bénéfique sur son entourage.
Par la parole et par l’exemple, il a toujours eu à cœur d’inciter ses semblables à se consacrer sans réserve à Dieu et à son Prophète (P.S.L.) L’imagerie populaire a voulu voir en Serigne Abdou Khadr la réincarnation de Cheikh Ahmadou BAMBA parce qu’en lui se retrouvent la plupart des traits de caractère qui ont distingué le Cheikh.
Et, pour étayer cette thèse, les raisons ne manquent pas. Sa mère Sokhna Aminata BOUSSO est la fille de Serigne MBOUSSOBE, un frère de Sokhna Diarra, la mère du Cheikh. Ainsi, de par sa mère, Serigne Abdou Khadr aurait été le neveu du Cheikh s’il n’avait été son fils.
De cette naissance, il a hérité d’une piété si profonde que nul n’est surpris que, tout naturellement, il ait exercé, toute sa vie durant les fonctions d’Imam.
D’ailleurs, depuis 1968, date de la disparition de Cheikh Mouhammadou Fallilou MBACKE, c’est lui qui a régulièrement officié à la Grande Mosquée de Touba.

Très tôt, sous la férule de Serigne Ndame Abdourahmane LÔ, il a maîtrisé le Coran. C’est pour ensuite se rendre à GUEDE dans le but d’étudier les Sciences Religieuses, études qu’il complètera auprès de Serigne Modou DEME, un érudit incomparable qu’on désigne d’ailleurs par le surnom révélateur de « Alimu Soodaan.

A l’instar de son Père et Maître, il a désormais inscrit sa démarche sous ce qu’on peut appeler le label « al istikhama », c’est à dire la droiture, cette droiture sous tendue par la mesure, l’équilibre et qui est la marque distinctive des élus de Dieu.

Autant le Cheikh disait à qui veut l’entendre que ses ennemis peuvent tout dire de lui sauf qu’ils l’ont vu ou entendu, un jour, faire ou dire quelque chose que Dieu réprouve, autant Serigne Abdou Khadr mettait un point d’honneur à être ce pôle vers lequel convergent tous les cœurs qui cherchent un modèle de droiture susceptible de les conduire sur la voie dénommée « Siraatal mustaxiima. »
Il n’était certes pas le plus âgé de la famille du Cheikh, loin s’en faut, mais il avait un charisme tel que tous ses frères reconnaissaient et acceptaient implicitement son autorité morale, par sa droiture, son désintérêt des choses de ce monde, son peu d’attachement aux biens terrestres.
On ne lui connaît pas plus d’une ou deux maisons à Touba. Et, s’il en a d’autres dans certaines contrées du pays, il n’y était pour rien.

Il les devait plutôt à la ferveur de talibés désireux de lui faire plaisir. D’ailleurs, invariablement, ces demeures étaient toutes construites autour d’une mosquée qui en est l’élément majeur.
Il était rare qu’il soit absent de Touba. Il est connu que toute sa vie durant, il n’a manqué la prière du vendredi à la Grande Mosquée que pendant son séjour en terre saoudienne, pour les besoins du pèlerinage.

Serigne Abdou Khadr Mbacké,  » Boroom Bakhdaad « , comme on l’a surnommé, aussi respectueusement qu’affectueusement, dirigeait les offices religieux et procédait lui-même à la prière sur les morts aussi souvent qu’il le pouvait.


Cela était interprété très positivement par des populations qui y voyaient des preuves, s’il en était encore besoin, de sa profonde humanité, de son étroite implication dans toute forme d’action dont la finalité est le soulagement, le bonheur des populations.