lundi 31 octobre 2016

Officiel: Le Magal de Touba édition 2016 sera célébré le samedi 19 novembre

Le Magal de Touba 18 Safar 1438H sera célébré le samedi 19 novembre 2016. 
Rappelons que le Magal commémore le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon après un procès inéquitable, tenu dans la salle de délibération du Conseil  Privé, sis dans la Gouvernance de Saint-Louis le 05 septembre 1895. A l’issue de ce jugement sans appel, le Conseil Privé décida « à l’unanimité, après avoir entendu les rapports de M. MERLIN et LECLERC, et fait comparaître Ahmadou Bamba, qu’il y avait lieu de l’exiler au Gabon ». A quelle fin ? « Jusqu’à ce que » disait-il « l’agitation causée par ses enseignements soit oubliée au Sénégal ». 

jeudi 20 octobre 2016

VIDEO > Le Sénégalais Moustapha Niang enlève le trophée du concours de lecture psalmodiée du Coran en Iran. Regardez!


La biographie de Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké Al Karim(1888 - 1945)

Selon l’hagiographie mouride, le premier successeur de Cheikh Ahmadou Bamba naquit le 11 du mois de Muharram de l’an 1306 de l’Hégire, à Darou Salam, correspondant au 17 septembre 1888 de l’an romain. L’histoire rapporte qu’il fallut aller à la quête du Cheikh qui avait à cette époque l’habitude de s’absenter pendant assez longtemps dans la forêt avoisinante à la recherche du futur site de la ville de Touba. Les émissaires le trouvèrent finalement au troisième jour de la naissance de l’enfant de Sokhna Aminata Lô dans un lieu nommé Fétto sous une averse abondante. Mouhamadou Moustapha Mbacké fut ainsi l’aîné des enfants du Cheikh restés vivants et le frère utérin de Mouhamadou Lamine Bara Mbacké. 

Il entreprit son étude du Coran auprès de son père et dut, après le départ de celui-ci en exil en 1895, continuer ses études avec Serigne Ndame Abdou Rahmane Lô puis avec son oncle Cheikh Ibra Faty jusqu’au retour de Cheikh Ahmadou Bamba du Gabon. Il fut notamment partie des disciples qui rejoignirent le Cheikh à Saout-El-Ma, en Mauritanie, et y demeura avec lui jusqu’en 1907. Il l’accompagna aussi à Thiéyène et ne s’éloigna significativement de son voisinage qu’après le retour définitif de celui-ci à Diourbel en 1912 lorsqu’il reçut l’ordre de fonder à 6 km de Touba le village de Husnu-l Mahâb qui n’était en ce temps qu’un petit hameau de Peulhs transhumants appelé Tindôdi. Il fut en 1921, partie de la compagnie du Cheikh à Dakar lorsque celui-ci y alla répondre à une invitation du Gouverneur Général de l’A.O.F. 

C’est à lui aussi que son père remit sa participation de 500 000 au relèvement du Franc français. Durant toute la période de coexistence avec son père et maître, Cheikh Mouhamadou Moustapha se distingua par un dévouement et une détermination, dans le service qu’il lui consacrait, tels qu’il arriva souvent au Cheikh de mettre publiquement en exergue son engagement et son esprit de sacrifice que tout disciple lui enviait. On ne comptait pas les copies de mémoires du Saint Coran que le fils effectua pour le père ni les tonnages de récolte dont il lui fit don. 

Lors du rappel à DIEU du Serviteur du Prophète, le 19 juillet 1927, Cheikh Mouhamadou Moustapha fit une fois de plus montre de ses vertus de lucidité et de tempérance, après avoir personnellement constaté le décès, en organisant dans une discrétion absolue son inhumation à Touba, selon les vœux du disparu. Après sa désignation le 25 juillet 1927, le premier Calife du assurer la relève en s’attelant particulièrement à la construction de la Mosquée de Touba; projet qui tenait réellement Cheikh Ahmadou Bamba à cœur. Malgré des débuts marqués par des difficultés de tous ordres, dont la plus dure fut assurément l'opposition de nombre de dignitaires de la Communauté à son califat, Cheikh Moustapha s’avéra rapidement être un Calife de grande intelligence soutenue par une vaste culture et une conformité sans faille aux enseignements du Cheikh se traduisant notamment par un courage, une dignité et une générosité qui resteront légendaires. C’est lui qui, à la disparition de leur père, s’était chargé de l’éducation de presque tous ses frères et sœurs. Beaucoup d’entre eux vécurent avec lui et le Calife n’épargna, selon les témoignages de ses frères mêmes, aucun effort pour leur bien-être allant même jusqu’à leur désigner, une fois devenus adultes, leur premier lieu d’installation en ne manquant jamais de leur fournir l’aide matérielle nécessaire aux premiers pas dans la vie. Ce fut également un excellent administrateur, un authentique homme de terrain . En 1928, il obtint l’immatriculation d’un terrain de 400 hectares sis à Touba et demanda, au début de 1929, l’autorisation de reprendre la construction de la Mosquée dont l’irresponsabilité et la cupidité de l’Administrateur Occidental désigné avaient mis les travaux en cause. A l’issue d’un long procès à rebondissements dans les tribunaux parisiens, l’Administrateur Tallerie eut injustement gain de cause et la communauté mouride se vit contrainte de lui payer la somme faramineuse de 250 000 francs comme dommages et intérêts pour dédit et préjudice sur rupture de contrat. D’autres obstacles auxquels le chantier de la Mosquée eut bientôt à faire face furent : l’acheminement du matériel de construction à Touba face à l’inexistence de réseau de communication, la rareté des matériaux tels que la latérite dans cette zone, la profondeur de la nappe phréatique (à plus de 25 m) posant de façon cruciale le problème de l’eau etc. La découverte de la carrière de Ndock, à une dizaine de kilomètres au Sud de Touba, permit de résoudre le problème de la latérite. L’engagement total de dizaine de milliers de volontaires, le dévouement indescriptible de milliers de jeunes, femmes et adultes travaillant plus de 18 heures par jour, transportant dans des paniers posés à même la tête ou sur charrettes d’énormes blocs de pierres sur une dizaine de kilomètres, toute cette formidable énergie déployée dans la sueur et dans le sang (car on ne compta pas alors les décès) accélèrent l’achèvement des fondations et l’empierrement de la plate-forme de la future mosquée.

Pour résoudre le problème des voies de communication Cheikh Mouhamadou Moustapha entreprit, malgré l’incrédulité des autorités publiques, le financement et la réalisation sur fonds propres d’un tronçon d’une cinquantaine de kilomètres de voie ferrée qui allait relier Diourbel à Touba via Mbacké à partir d’un embranchement du Dakar-Niger. Avec toujours la détermination extraordinaire de milliers de disciples, des "Baye Fall" sous le commandement de leur Calife Serigne 4 www.majalis.org Moustapha Fall, fils aîné de Cheikh Ibrahima Fall, la durée de réalisation de cette initiative inédite dans l’histoire pulvérisa toutes les prévisions et fut achevée en un an et quelques mois. Ce succès éclatant accéléra de façon impressionnante l'unité et l'unanimité qui, déjà, faisait jour autour de sa personne façonnant ainsi durablement l'organisation de la Mouridiyah après la disparition du Cheikh. 

Au point de vue économique, l’âme profondément paysanne de Cheikh Moustapha alliée à un esprit d’entreprise et d’organisation élevé permirent à la communauté mouride de produire des résultats agricoles considérables. Ainsi la production arachidière qui était estimée aux environs de 20 000 tonnes au début des années 30 passera en 1937/38 à 75 000 tonnes soit une progression marginale de 275%. Le Chantier confié à la Société des DRAGAGES, il fut officiellement procédé à la pose de la première pierre de la Mosquée le vendredi 4 mars 1932. Mais, malgré la célérité des travaux, les années de peste meurtrière, la récession mondiale des années 30 se jugulant aux perturbations de la seconde guerre ralentirent considérablement leur progression. Et c’est dans ce contexte de profonde crise et de graves difficultés économiques que s’éteignit le vendredi 13 juillet 1945 (3 Sha'bân 1364 H) Cheikh Mouhamadou Moustapha confiant à ses suivants la perpétuation de l'œuvre colossale entreprise pendant plus de 18 ans. Mais s’il reste à jamais vrai que DIEU TRESHAUT ne peut oublier la rétribution de ceux qui combattent "avec leurs biens et leurs personnes" sur Son sentier, Mouhamadou Moustapha aura alors mérité son Agrément et son Election, la Reconnaissance du Prophète de l’ISLAM (PSL) et celle de Khadimou Rassoul. Mieux, tous ceux qui, aujourd’hui, se réclament du Serviteur du Prophète ou toute personne tenant sincèrement au rayonnement de la Parole de DIEU TRES-HAUT  sur terre doit une fière chandelle à ce Digne Socle de l'Edifice de la Foi et de la Vertu…

jeudi 13 octobre 2016

Les Pièges du Bas-Monde selon Serigne Touba

Ces passages sont extraits du recueil « Silkul Jawâhir » (Le Cordon de Joyaux Précieux) écrit par Cheikh A. Bamba durant sa jeunesse. L'ouvrage, dont la première partie, d'où ces extraits sont tirés, traite du Bas-monde et de ses pièges, est une suite de récits hagiographiques, de sentences des Anciens, d'exhortations et de sagesses profondes indispensables à la formation religieuse, morale et spirituelle de tout musulman.

« Ô mon frère en Dieu, sache que le repos [que tu recherches] dans ce monde dure très peu de temps. Et que l'essentiel de ce temps sera troublé par les peines et les épreuves. 

Sache également que ce repos temporaire ici-bas entraînera la perte du repos éternel de l'Au-delà. Repos qui, au contraire de celui-ci, constituera un règne sans fin. Par conséquent, il devrait être aisé pour tout homme intelligent de faire preuve de patience, durant ce bref séjour terrestre, afin d'obtenir, en échange, un repos perpétuel dans l'autre Monde.

Notre maître Al-Ghazali - que Dieu soit satisfait de lui - a maintes fois explicité, à travers un grand nombre d'illustrations, la véritable nature de ce Bas-monde. Il en est ces propos rapportés du Messager de Dieu - la Paix et le Salut soient sur lui - dans lesquels le Prophète nous avertit sur le pouvoir de fascination et d'envoûtement du Bas-monde : 

« Méfiez-vous de ce Bas-monde ! Il est plus aguicheur et plus sournois que [les deux anges tentateurs] Hârût et Mârût. Sa première ruse contre toi consistera à te faire croire qu'il est en ta faveur et le restera pour toujours. Les ferventes assurances qu'il te présentera te menant souvent à croire en sa sincérité. Alors qu'en réalité, il dissimule sa fourberie et n'hésitera nullement à te trahir à la première occasion. Car il te dirigera, progressivement, inexorablement, sans que tu aies le temps de le réaliser, à ta perle éternelle. Le Bas-monde peut être ainsi assimilé à l'ombre qui, bien que te paraissant invariant, s'évanouit pourtant lentement [à l'apparition de la lumière]. Ainsi en est-il de la vie de tout être humain : elle s'écoule lentement, se dissipant à chaque instant. La vie de ce monde, de la sorte, te fait constamment ses adieux, s'enfuyant toujours devant toi, pendant que toi, tu persistes malheureusement dans ta négligence et dans ton inconscience. »

Parmi les astuces que la vie de ce monde utilise pour t'ensorceler, sa manière de t'exprimer son amour infini afin que, toi aussi, tu l'aimes passionnément. Elle te persuadera ainsi de sa fidélité sans faille et te fera croire que, jamais au grand jamais, elle ne te quittera pour un autre. Ce n'est que par la suite qu'elle te révèlera brutalement, sans que tu t'y attendes, sa perfidie et son vrai visage. En devenant soudain ton pire ennemi. A l'instar d'une femme perverse qui, en mante religieuse, trompe tous ses amants, les invite un à un chez elle pour les assassiner sans pitié.

Le Prophète Issa - Paix sur lui - eut, en ce sens, une révélation à travers laquelle le Bas-monde lui fut matérialisé sous la forme d'une vieille femme. Lorsque Seydinâ Issa lui demanda : « Combien d'époux as-tu eu jusqu'ici ? », elle lui répondit : « L'on ne peut les compter, car étant trop nombreux ». Issa - Paix sur lui - de lui demander alors : « Ces époux sont-ils tous morts ou bien t-ont-ils répudiée ? ». Ce à quoi la vieille lui répondit : « Pas du tout ! C'est moi plutôt qui les ai tous assassinés ! » Le Prophète Issa - Paix sur lui - de s'exclamer : « Hélas ! Malheur à ces nombreux sots qui, bien qu'étant témoins de tes crimes odieux sur leurs innombrables prédécesseurs, persistent encore à t'aimer avec passion ! »

Fait également partie du funeste pouvoir de mystification de ce Bas-monde, sa capacité à embellir son apparence extérieure, à travers différents artifices et astuces. Tout en dissimulant soigneusement ses trahisons et ses nombreuses vilénies, sous ses étincelants apparats. Ceci, pour mieux tromper l'ignorant et le séduire par la beauté extérieure qu'il lui manifeste. Il peut ainsi, en cela, être assimilé à une vieille femme, difforme et fort repoussante, qui dissimule son visage disgracieux sous un voile, qui porte de magnifiques habits et se pare d'un maquillage factice afin de charmer ceux qui l'aperçoivent de loin. Le jour où ses malheureux prétendants ôteront son voile et ses faux atours, et qu'ils découvriront tardivement la supercherie, ils regretteront amèrement de l'avoir aimée, du fait de sa laideur sans nom et des hideuses abjections dont elle est entachée...

Il a été ainsi rapporté que le Jour du Jugement Dernier, l'on exposera le Bas-monde sous la forme d'une vieille femme immonde et monstrueuse, l'oeil atone et purulent, le visage revêche, la bouche béante, dévoilant des dents affreuses. Lorsque les humains la verront, ils invoqueront Dieu, en s'interrogeant : « Qui peut bien être cette femme si hideuse ? ». Il leur sera alors répondu : « Cette femme si hideuse est le Bas-monde pour lequel vous vous jalousiez si férocement les uns les autres. Cette femme si dégoutante est le Bas-monde pour lequel vous vous combattiez et vous entretuiez si impitoyablement. Cette femme si affreuse est le Bas-monde pour lequel vous n'hésitiez pas à repousser vos proches et qui vous a leurrés avec ses parures ». Lorsqu'on donnera, par la suite, l'ordre de jeter le Bas-monde en enfer, il s'exclamera alors : « O Seigneur ! Pourquoi m'y jeter toute seule ? Où sont donc mes anciens amants, mes admirateurs et mes compagnons ? ». Il sera alors ordonné de jeter ces derniers, en sa compagnie, dans la Géhenne...

Abû Hurayra - Dieu soit satisfait de lui - a rapporté les propos de l'Envoyé de Dieu - Paix et salut sur lui - où il lui demande : « Ô Abû Hurayra, veux-tu que je te montre [la véritable nature de] ce Bas-monde ? » « Certes oui, ô Envoyé de Dieu ! », répondis-je. Il me prit alors par la main, m'entraina au loin et s'arrêta finalement devant un cloaque fangeux où des crânes humains, provenant de cadavres abandonnés, étaient mélangés à des restes d'os brisés et aux souillures d'excréments. Le Prophète - Paix et salut sur lui - me dit : « O Abu Hurayra ! Observe bien ceci ! Ces crânes humains que tu vois ici étaient exactement, dans le passé, comme les vôtres. C'est-à-dire remplis de désirs, âpres à la thésaurisation des biens de ce Bas-monde. Ces crânes comptaient, comme vous le faites exactement aujourd'hui, sur une longue vie et sur les délices de ce Bas-monde. Aujourd'hui, ils sont devenus d'humbles ossements blanchis, avec leurs corps en état de putréfaction. Ces restes de guenilles que tu vois ici étaient les vêtements fastueux que [ces cranes] portaient lors des cérémonies et des jours de fête. En ce jour, le vent les a jetés et mélangés aux souillures. Ces ossements d'os brisés que tu vois devant toi étaient les montures sur lesquelles ils parcouraient fièrement les quatre coins du monde. Quant à ces excréments que tu vois, c'est tout ce qui reste des aliments délicieux pour lesquels ils s'échinaient, rusaient et que les uns usurpaient aux autres. Aujourd'hui leurs corps, devenus puants et répugnants, ont été jetés ici au loin. Et nul [d'entre leurs anciens compagnons] ne veut plus les approcher, du fait de leur puanteur. Voilà [ô Abu Hurayra] la véritable nature de ce Bas-monde, comme tu le vois ici de tes propres yeux. Quiconque veut pleurer sur ce monde, n'a donc qu'à pleurer. Car c'est ici le lieu et le moment de le pleurer.. ».

Abù Hurayra - Dieu soit satisfait de lui - de terminer : « Tous les hommes qui étaient présents en ce moment-là se mirent alors à pleurer... »

[Traduction originale en français par S. Sam Mbaye (Editions Culture Universelle) reprise et adaptée par Majalis]