vendredi 25 septembre 2015

Sermon du Khalife Général des Mourides à l’occasion de la Tabaski 2015

C’est à 9h 30 mn précises que la prière de l’Aïd El Kébir a débuté sur l’esplanade de la Grande Mosquée de Touba sous la direction de l’imam ratib, Serigne Fallou MBACKE, ibn Serigne Abdou Khadr. Quelques minutes avant, le Khalife Général des Mourides, Cheikh Sidy Moukhtar MBACKE est arrivé sur le lieu de la prière accompagné d’une suite importante.
Après la prière et la lecture du sermon écrit par Cheikh Ahmadou Bamba à l’occasion de la prière des deux fêtes, l’imam a délivré le traditionnel message du Khalife à l’occasion de cet évènement qui réunit toute la Ummah. Un sermon axé autour de trois centres d’intérêt :
  • Nos rapports mutuels.
  • La mise en garde aux disciples contre les préjudices de ce bas monde.
  • La sauvegarde de l’honorabilité de la ville de Touba.
Dans le premier centre d’intérêt le Khalife a été on ne peut plus clair : il a en substance demandé que chaque disciple, évite de causer du tord et de porter préjudice à autrui ; mais également que celui qui se sent victime d’une offense ou d’une injustice évite de se faire justice lui-même. Le Khalife Général des Mourides par la voix de l’imam, demande à celui qui est victime d’un tord, ou qui se sent offensé de faire montre de grandeur d’âme et de pardonner.
Pour exhorter aux valeurs de pardon, il a convoqué l’adage disant ’’qui veut la paix doit éviter de porter préjudice à autrui et qui aspire à la quiétude doit savoir pardonner’’.
Poursuivant dans cette lancée, il rappelle que dans le Mouridisme chaque disciple relève d’une autorité religieuse. Il pourra donc se référer à elle s’il se sent victime d’un tort ou d’une injustice au lieu se faire justice lui-même.
Certes celui qui pense qu’il doit prendre la parole pour éclairer la lanterne des gens peut le faire. Mais il doit, en le faisant respecter toutes les règles de politesse et de bienséance.
Le Khalife récuse donc clairement qu’on se fasse justice soit même. Il demande également que personne n’incite son confrère à le faire. Il exhorte au culte du pardon, ce qui est du reste, conforme aux enseignements de notre guide Cheikh Ahmadou Bamba.
Il a réitéré en tant qu’autorité suprême du Mouridisme, qu’il fera des prises de parole et posera des actes chaque fois que ce sera nécessaire.
Le deuxième centre d’intérêt est relatif aux futilités de ce bas monde qui ne doivent pas nous détourner de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul. Il a demandé aux membres de la famille du Cheikh de se cramponner à l’héritage légué, de veiller à sa sauvegarde et de le vivifier. S’ils restent fidèles à cela, ils impétreront des bienfaits de la part de notre maitre Cheikhoul Khadim qui a tout prévu. Par contre, s’ils s’en éloignent et s’empêtrent dans les vicissitudes de ce bas monde futile et périssable, ils ne rencontreront que des désagréments qui leur seront préjudiciables.
Leur place est donc dans la vivification du legs de notre vénéré Cheikh
Enfin le dernier centre d’intérêt est un thème récurrent dans tous ses sermons : il s’agit pour chaque disciple de veiller sur l’honorabilité de la cité religieuse de Touba. Celui qui s’y conforme aux recommandations de son fondateur rencontrera à coup sûr ses bienfaits. Celui qui ne lui accorde aucun égard et foule aux pieds ses principes rencontrera ce qu’il abhorre le plus.
Voilà la quintessence du sermon du Khalife rendu par l’imam Serigne Fallou MBACKE, l’imam ratib ;
Source: htcom.sn

mardi 22 septembre 2015

Tabaski 2015 à Massalikoul Jinaan: Le Khalife des Mourides demande aux disciples de Dakar de prier à l’intérieur de la Mosquée

La Tabaski 2015 sera marquée d'une pierre blanche dans l’histoire du Mouridisme, confrérie fondée par Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul. Le Khalife Général des Mourides, Cheikh Sidy Moctar Mbacké vient d’ordonner, par le canal de son représentant à Dakar, Serigne Mbackyou Faye, aux fidèles de prier à l’intérieure même de la Grande Mosquée « Massalikoul Jinaan » en phase de finition. « Nous invitons la presse pour s’entretenir d’une information qui nous vient du Khalife Général des Mourides. Cheikh Sidy Moctar a demandé aux talibés de la capitale de prier, cette année, à l’intérieur de la Mosquée « Massalikoul Jinaan ». 

Traditionnellement, les prières de l’Aïd El Fitr (Korité) et de l’Aïd El Kabîr (Tabaski) étaient sacrifiées sur l’espace qui jouxte l’édifice de culte. ‘’C’est une grande première et nous invitons tous à venir’, lance le représentant du Khalife. Et son secrétaire permanent, Abdou Khadre Fall de clarifier : « Cette prière du vendredi 25 Septembre, ce n’est pas une prière inaugurale. Le Khalife veut juste permettre aux talibés de constater l’état d’avancement, le niveau d’exécution des travaux de la Mosquée. A l’heure actuelle, le gros de l’ouvrage a été livré et il reste les travaux d’embellissement, de revêtement, de sonorisation bref, de finition », a-t-il fait savoir. 

Cette face-à-face avec la presse était mis à profit par Mbackyou Faye et son état-major pour annoncer la tenue des journées portes ouvertes à « Massalikoul Jinan» qui auront lieu du 28 Septembre au 03 Octobre 2015. Pour l’exécution finale des travaux de la grande bâtisse religieuse, le «diawrine » en chef est d’avis que cela nécessitera une baguette de 20 millards de F CFA. Elle comprendra la finition de la mosquée, la construction de l’Institut Cheikh Ahmadou Bamba qui coûtera, à elle seule 4 milliards 500 millions, une Résidence « Cheikh Ahmadou Bamba ainsi que le bitumage des routes à l’intérieur de la Mosquée. Des bons de participation volontaire de 100 millions, de 50 millions, de 10 millions et de 5 millions seront émis. Suffisant pour le représentant du Khalife à Dakar de lancer, le sourire au coin de l’œil : « les milliards ne font pas peur aux mourides ! ».

Le sermon d’adieu du Prophète Mouhammad PSL, Par Mame Mactar Guèye

C’est ce Mercredi 23 Septembre 2015 que les Pèlerins aux Lieux Saints de l’Islam célébreront le 1383è anniversaire du dernier Sermon que le Prophète Mouhamed (psl) prononça au neuvième jour de Zoul Hijja (mois en cours du calendrier musulman), à l’occasion de son premier et dernier pèlerinage. C’est ce jour que les pèlerins observeront un cantonnement symbolique dans la vallée Uranah du Mont Arafat, ce site sacré où le Prophète Mouhammad s’adressa pour la dernière fois à la Communauté Humaine, à travers un sermon testamentaire, indiquant la Voie de la Rectitude et du Salut Éternel. La «Station d’Arafat» est l’étape la plus important du Pèlerinage. Elle symbolise le parachèvement de la Religion. Et préfigure le jour du Jugement Dernier. C’est le jour par excellence de la rémission des péchés et de l’affranchissement de l’Enfer. 
Lors de cette “Taxawaayu Arafat“, des centaines de milliers de pèlerins scanderont en chœur “Labaïka Allahouma labaïk” (Nous voilà, Seigneur, répondant “présents” à ton Appel). En ce jour béni de la «Station d’Arafat», les musulmans qui n’ont pas eu l’opportunité d’être présents sur les lieux du Pèlerinage, auront la faculté d’observer un jeûne surérogatoire et de méditer sur la Toute Puissance du Créateur. Ce jeûne méritoire, spécialement recommandé par le Messager d’Allah, a la spécificité, en ce jour de Miséricorde où les Anges porteurs de la Clémence de Dieu envahissent l’univers, d’absoudre les péchés de l’année en cours autant qu’il favorise la rémission de ceux de l’année écoulé, selon un Hadith authentique rapporté par Imam Mouslim. Et que nous rappelle la vénérable Mère Aïcha (radiyallahou ann-ha) : «Il n’est pas de jour pendant lequel Dieu affranchit autant de serviteurs que le jour d’Arafat».
SCEAU DES PROPHÈTES
Fondateur de la Cité-État de Médine, orateur charismatique, philosophe, mari et père modèle, Mouhamed (psl) constituait l’incarnation humaine la plus élevée de la Sagesse, de la Vertu, de la Patience, du Courage, de la Générosité et de l’Intelligence. Il a inspiré des millions de personnes à travers le monde et à travers les siècles, au point d’avoir fasciné de grands intellectuels et penseurs internationaux non-musulmans, dont certains n’ont pas hésité à publier de hautes appréciations sur le Prophète de l’Islam :Alphonse de Lamartine (dramaturge, romancier et homme politique français) «Si la grandeur du but, la modestie des moyens et le gigantisme des résultats sont les trois critères du génie humain, qui ose comparer un quelconque personnage de l’histoire à Mouhamed?» ; Mahatma Gandhi (leader pacifiste indien) : «Je suis plus que convaincu que ce n’est pas l’épée qui a fait gagner à l’Islam la place qu’elle occupe présentement. C’était la simplicité rigoureuse, l’abnégation totale du Prophète, son respect scrupuleux des promesses, sa dévotion intense, sa grande générosité de cœur envers ses compagnons et ses adeptes, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission». Pour ne citer que ces exemples. Et le Créateur de rappeler, au sujet de Mouhamed (psl): «Nous ne t’avons envoyé qu’en témoignage de Notre Miséricorde pour l’univers» (Coran 21:107).
Ce dernier sermon du Prophète fut un rappel solennel, destiné aux fidèles, mais aussi une importante mise en garde adressée à la communauté humaine, tout en confirmant la fin de sa mission prophétique. Un prêche émouvant et non moins prémonitoire :
«Ô peuple! Écoutez attentivement, car je ne sais si, au-delà de cette présente année, je serai encore parmi vous. Écoutez donc avec attention et transmettez ce message à ceux qui n’ont pu être présents parmi nous aujourd’hui. 
«Ô peuple! Tout comme vous considérez ce mois, ce jour, cette cité comme sacrés, considérez aussi la vie et les biens de chaque musulman comme sacrés. Retournez à leurs légitimes propriétaires les biens qui vous ont été confiés. Ne blessez personne afin que personne ne puisse vous blesser. Souvenez-vous qu’en vérité, vous rencontrerez votre Seigneur et qu’effectivement, Il vous demandera compte de vos actes. Dieu vous a défendu de pratiquer l’usure, donc tout intérêt non-payé est désormais annulé. Votre capital, cependant, vous revient. N’infligez ni ne faites endurer aucune injustice.
«Méfiez-vous de Satan, pour le salut de votre religion. Il a perdu tout espoir de vous amener à commettre les grands péchés; attention donc à ne pas le suivre dans les péchés mineurs.
«Ô peuple! Il est vrai que vous avez certains droits à l’égard de vos femmes, mais elles aussi ont des droits sur vous. Souvenez-vous que c’est par la permission de Dieu que vous les avez prises pour épouses et qu’elles vous ont été confiées par Dieu. Si elles respectent vos droits, alors à elles appartient le droit d’être nourries et habillées convenablement. Traitez-les donc convenablement et soyez gentils envers elles, car elles sont vos partenaires et vous sont dévouées. Il est de votre droit qu’elles ne se lient pas d’amitié avec des gens que vous n’approuvez pas, et qu’elles ne commettent jamais l’adultère.
«Ô peuple! Écoutez bien : adorez Dieu, faites vos cinq prières quotidiennes, jeûnez pendant le mois béni de Ramadan, et donnez de votre richesse en zakaat. Accomplissez le Hajj si vous en avez les moyens. 
«Toute l’humanité descend d’Adam et d’Ève. Un Arabe n’est point supérieur à un non-Arabe, pas plus que celui-ci ne l’est envers un Arabe; les Blancs ne sont point supérieurs aux Noirs, autant ces derniers ne le sont vis-à-vis des Blancs. Aucune personne n’est supérieure à une autre, si ce n’est en piété et en bonnes actions. Vous savez que chaque musulman est le frère de tous les autres musulmans. Vous êtes tous égaux. Vous n’avez aucun droit sur les biens appartenant à l’un de vos frères, à moins qu’on ne vous en ait fait don librement et de plein gré. Par conséquent, ne soyez pas injustes les uns envers les autres.
«Souvenez-vous, un jour vous vous présenterez devant Dieu et répondrez de vos actes. Prenez garde donc, ne vous écartez pas du droit chemin après ma mort. Ô peuple! Aucun prophète ni messager ne viendra après moi, et aucune nouvelle religion ne naîtra.
«Raisonnez bien, ô peuple, et comprenez bien les mots que je vous transmets. Je vous laisse derrière moi deux sublimes héritages: le Coran et la Sounnah, comme modèle. Si vous les suivez, jamais vous ne vous égarerez. 
«Que ceux qui écoutent présentement transmettent ce message à d’autres, et ceux-là à d’autres encore; et que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux qui m’écoutent actuellement.
«Sois témoin, ô Allah, que j’ai transmis Ton message à Tes serviteurs».
Le Prophète termina ainsi son dernier sermon. Et, alors qu’il se tenait près du sommet de Arafat, le verset coranique suivant lui fut révélé par le biais de Seydina Djibril (l’Ange Gabriel) «Aujourd’hui, J’ai parfait votre religion pour vous; J’ai accompli Mon bienfait sur vous. Et Je vous ai choisi l’islam comme Religion» (Coran 5:3).
Souvent repris par les Imams et Oulémas, lors de leurs prêches du Vendredi, ce sermon testamentaire se révèle être un condensé des principes fondamentaux des Droits de l’Homme ; un code d’éthique, sensé régir les rapports entre les individualités, garantir les droits de la Femme, tout en préconisant des relations équilibrés entre les différents segments de la communauté humaine ; notamment par la promotion de la solidarité, du respect des différences et de la défense des plus faibles. Bien que le Messager d’Allah (psl) ne soit plus de ce monde, son sermon d’adieu demeure toujours vivant et plus que jamais d’actualité!
Qu’Allah (swt) nous accorde Sa Miséricorde et répande Ses Meilleures Bénédictions sur tous les Pèlerins.
Mame Mactar Guèye
Vice-Président Jamra
mamemactar@yahoo.fr

lundi 21 septembre 2015

Le 21 SEPTEMBRE 1895: Le jour où Cheikh Ahmadou Bamba pria sur l'Océan Atlantique


Le 21 septembre 1895, le fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké priait sur l’océan Atlantique. C'est durant  la période coloniale que Serigne Touba fut arrêté et déporté au Gabon. C’est à Diewol plus exactement que va commencer le long et glorieux périple de «Khadimou Rasssoul» (Ndlr : Le Serviteur du Prophète Mouhammad Psl).

A l’époque, la hargne anti-islamique du colonisateur avait atténué l’engouement et relégué en pratique clandestine tout acte de dévotion, dont les cinq prières obligatoires. Mais Bamba, englouti par une piété ininterrompue, fait un scandale légendaire en s’adonnant, dès son arrivée dans la grande salle du gouvernorat de Saint-Louis du Sénégal, à la prière de deux «Rakkas». Un comportement qui heurte au plus haut point les membres du Conseil privé, voyant en cette démarche une déclaration d’hostilité. Il est arrêté le 10 août 1895 par un détachement de l’armée coloniale française et incarcéré dans la prison de Saint-Louis.

Il sera détenu dans la cellule n°12. Après 25 jours de détention, c'est-à-dire dans la journée du 5 septembre 1895, le Cheikh sera traduit devant le Conseil privé, siégeant au Palais du gouverneur de Saint-Louis. Et la sentence tomba. Par Procès verbal n°1, délibération n°16, il est décidé de la déportation du Cheikh au Gabon. Le conseil, composé essentiellement d’administrateurs français, décida à l’unanimité des 10 juges de déporter Serigne Touba dans cette colonie d’Afrique centrale, en lui allouant ainsi une pension d’un montant de 50 francs.

Le 18 septembre 1895, la déportation du «Marabout Ahmadou Bamba» est confirmée par une lettre du Commissaire général du gouvernement français au Gabon. Cette notification, en application de la décision prise en Conseil privé, réuni à Saint-Louis par le gouverneur deux semaines auparavant, fait ressortir l’accusation portée sur le «Serviteur du Prophète» (Psl) en ces termes : «Ses agissements et ceux de ses talibés menacent de troubler la tranquillité du bas Sénégal».

Le 21 septembre, Serigne Touba quitta le Sénégal à bord d’un navire dénommé «Ville de Pernambouc», en direction du Gabon. Il y restera, durant 7 années et 7 mois. Mais sur la route de la longue déportation, le fondateur de la confrérie mouride effectua des miracles. Et l’un des plus connus est, sans nul doute, la prière effectuée en pleine mer. A l’approche de la prière de «Takussan», en cette journée du 21 septembre 1895, Serigne Touba a voulu accomplir ses obligations religieuses. Mais c’était sans compter sur  l'opposition du Blanc qui lui  interdit de prier dans le navire.

«Ils m’ont jeté sur la mer par refus de la volonté divine et par haine. Mais le Généreux m’y a incontestablement comblé de sa grâce», a écrit le Cheikh par la suite. Et d’ajouter : «Ils ont voulu m’humilier en me jetant sur la mer, heureusement que mon Seigneur a dompté pour moi la plus houleuse des mers». Après ses 7 années d’exil à Mayombé, au Gabon, Cheikh Ahmadou Bamba sera de retour au Sénégal à bord du bateau dénommé «Ville de Macéao», le 11 novembre 1902.

118 après les mourides se souviennent toujours
Le départ de Cheikh Ahmadou Bamba vers le Gabon marque un tournant dans l’histoire du mouridisme. Ainsi, chaque année depuis cette date, les fidèles talibés organisent une journée de commémoration. Plus d'un siècle après ce haut fait, les mourides se souviennent chaque année de cette prière faite par Serigne Touba dans l’océan Atlantique. Elle est commémorée sur la plage de Diamalaye.

C’est là une façon pour eux de se rappeler cette séquence historique extrêmement importante dans l’accomplissement de la destinée de Cheikh Ahmadou Bamba. Et au-delà de la commémoration, il est question de montrer à la face du monde que la prière que le Cheikh a effectuée en mer ce jour-là, sur la route de son exil au Gabon, sort de l’ordinaire. Une façon aussi pour les mourides de «renouveler leur gratitude au Miséricordieux d’avoir fait d’eux des disciples de Cheikh Al Khadim». Et surtout de «propager l’œuvre de Serigne Touba, lui qui n’était venu sur terre que pour vivifier la parole du Tout-Puissant».
Ibrahima SALL

samedi 19 septembre 2015

SERIGNE TOUBA A DAKAR: LES 18, 19 ET 20 SEPTEMBRE 1895

« 
Isaa sakkartu saalikal mabiita wa saalikal amiira wa saboota taarab ilal jixaadi bil armaaxi nafsii walaakin sàbba annilmaaxi (Lorsque je songe à ce qui fut décidé, à ce Gouverneur et à ce cachot, me prend aussitôt l’envie de combattre par les armes ; mais Celui qui efface les péchés, le Prophète, m’en dissuade).»
Cheikh Ahmadou Bamba
«Tubaab ya woo ko boole koog sandarma bu tudd Ibra Binta Géy ngir worma. Mu boole koog soxnaam su tudd Aana Fay mu di ko toggal. Yal na Yàlla xéy ko fey. » (Les Français l’appellent, le remirent entre les mains d’un gendarme du nom de Ibra Bineta Guèye, à cause de sa sollicitude. Ce dernier le confia à son épouse, Anna Faye qui lui préparait ses repas. Que Dieu la récompense.)

Serigne Moussa Kâ
Les nuits dakaroises de Serigne Touba, dont les péripéties spirituelles, le symbolisme et la haute valeur mystique ne sont pas l’objet de ce papier ni ne sont de mes compétences, ont scellé définitivement le pacte d’amitié liant la collectivité Lébu et la communauté Mouride, Dakar et Touba, en la personne d’Ibra Bineta Guèye Mbengue. Pacte que Cheikh Salihou Mbacké a vivifié à l’occasion d’une invitation à Touba qu’il fit aux Notables de Cëddéem, au début de son khilafah. La délégation était dirigée par le chef de Pénc Mamadou Mbengue Médoune. Auparavant le khalife avait dépêché une délégation à Dakar pour rencontrer la famille d’Ibra Bineta Guèye. Ce sont ces nuits dakaroises que célèbre la fédération de dahira dénommée «Kureel Gi Maggal Ñetti Guddi Ndakaaru yi», présidée par le fervent talibé mouride, Baye Ndiouga Dieng.
On raconte que Serigne Touba arriva à Dakar à jeun, à l’heure où le soleil déclinait. Le cargo dénommé Ville de Pernambouc, plus connu sous le nom Cap Lopez, devant assurer son transfert au Gabon, étant en retard, le gouverneur Mouttet ordonna son emprisonnement dans un cachot étroit, obscur, infesté d’insectes et parsemé de toutes sortes d’objets usagés, situé au Camp Dial Diop, derrière l’hôpital Aristide Le Dantec, de son premier nom Hôpital Indigène. En y entrant, dit-on, sous la poussée des gardiens, le Cheikh trébucha ; et un objet tranchant lui traversa littéralement le pied. Malgré ses souffrances, il fit une prière de deux rakat, récita les sourates «Bakhara» (La Génisse) et «Ali Imran» (La Famille d’Imran)… 

Là-bas, révèle la tradition mouride, il reçut la visitation de Grands Saints de l’Islam, dont sa mère, la Sainte Mame Diarra Bousso. Là-bas, il reçut des dons immenses de la part de son Seigneur. Informés de l’affaire, nous apprend la tradition conservée par les populations autochtones de Dakar, les Dignitaires lébu s’en désolèrent et dépêchèrent auprès du Gouverneur une délégation conduite par Ibra Bineta Guèye, leur porte-parole auprès de l’autorité coloniale. Il lui tint à peu prés les propos suivants : «Nous avons appris que vous retenez en détention Serigne Touba, Cheikh Ahmadou Bamba. Nous ne venons pas discuter avec vous des raisons de sa détention. Nous voulons seulement que vous respectiez la réputation de terre d’accueil et d’hospitalité de notre terroir. Alors permettez au Marabout de venir loger chez nous et de jouir de notre hospitalité jusqu’au moment où vous aurez besoin de lui. Nous nous portons garant de sa sécurité.» Le Gouverneur, en homme avisé, accéda à la requête des Lébu. Au sortir de la cellule infecte du Camp Dial Diop où il a souffert le martyre sans jamais se plaindre, avec comme seules consolations ses actes de dévotion et ses visions mystiques, Serigne Touba séjourna, jusqu’à son départ en exil, le 21 septembre 1895, au Pénc de Cëddéem où Ibra Bineta Guèye l’avait confié aux bons soins de son épouse Anna Diakhére Faye, une bonne dame, pure et pieuse qui préparait ses repas, s’occupait de l’eau de ses ablutions, etc.
La canne et le talisman
Pour tester les pouvoirs mystiques attribués au Marabout, Ibra Bineta Guèye, dit la tradition locale, un fin connaisseur des mystères, fit semblant d’oublier auprès de son hôte, après une visite, sa canne miraculeuse que deux gros gaillards ne parvenaient pas à remuer et qu’un initié soulevait difficilement. A peine lui eut-il tourné le dos que Serigne Touba, tenant la canne du bout des doigts, le lui tendit, puis lui dit à peu près ceci : «Je te remercie, toi et ton peuple, pour tout ce que vous avez fait pour moi. Mais déterre le talisman que tu as enterré dans la cour de ta maison pour empêcher mon départ. Sache que je pars volontairement et de bon cœur pour accomplir une mission que Dieu m’a confiée.» Or, c’est seul avec Dieu, dans le secret de la nuit, loin des regards indiscrets, qu’Ibra Bineta Guèye avait enterré ce talisman. Définitivement convaincu des pouvoirs du Marabout et de sa sainteté, il l’aima davantage, sollicita ses prières pour lui-même, sa famille, son peuple et sa Cité, lui souhaita bon voyage et lui promis ses prières ainsi que celles de sa communauté.
Une autre version de l’histoire dit que la première rencontre entre Serigne Touba et Ibra Bineta Guèye eut lieu dans la piteuse cellule du Camp Dial Diop. Car le Gouverneur, exigeant des garanties avant de remettre «son prisonnier» entre les mains des Lébu, Ibra Bineta exigea de voir en tête à tête l’homme pour qui ils se porteront garants. Dès qu’ils se virent et se parlèrent, ils se vouèrent respect et estime réciproque. C’est là-bas, disent les tenants de cette thèse, que se produisit le miracle de la canne. Quant au talisman enterré, ils disent qu’il l’était depuis plusieurs années déjà dans la cour de sa demeure, et qu’Ibra Bineta proposa à Serigne Touba son déterrement qui le sauverait à coup sûr des mains des Blancs. Proposition qu’il refusa avec déférence, rappelant, à l’occasion, que Dieu était son seul refuge. La tradition locale parle aussi de cette prédiction que Serigne Touba aurait faite aux jeunes du quartier venus lui rendre visite et se plaignant de solitude que viendra une époque où, de tous les coins du Sénégal, des hommes et des femmes accourront vers cette contrée. La même prédiction, dit-on, avait été faite par Cheikhna Cheikh Saadhbou et El Hadj Malick Sy.
L’étape de Cëddéem

Cëddéem fait partie des 12 Pénc de Dakar. Il tient certainement son nom du village de Cëddéem dans le Jànder qui fait référence à un jujubier (Déem). Il englobe l’actuel marché Sandaga dont le nom vient, selon une opinion assez répandue, d’un arbre appelé «Sànd» qui se dressait à l’endroit occupé aujourd’hui par le «marché d’or» dit «Lalu urus» (étal d’or). C’est Cëddéem qui enregistra les premiers convertis à l’islam de la Collectivité Lébu et accueillit le lettré arabe Massamba Koki Diop, père du premier Seriñ Ndakaaru, Thierno, dit Dial. C’est à Cëddéem où le Ndeyi Jàmbur (président de l’Assemblée des Jàmbur) Youssou Bamar Guèye accueillit et scella avec Cheikhna Cheikh Saadhbou Cherif, un pacte unissant leurs deux familles «jusqu’à la fin des temps». C’est enfin à Cëddéem où Ibra Bineta Guèye, chef de canton de la banlieue ouest dakaroise de 1855 à 1905 et Ndey Ji Frey (Président de l’Assemblée des Frey) de 1897 à 1903, accueillit Cheikh Ahmadou Bamba en partance en exil au Gabon. Mamadou Mactar Ndoye, petit fils d’Ibra Bineta Guèye, d’apporter la précision suivante : «Mon grand-père n’était pas gendarme. Certes, en sa qualité de chef de province, il participait au recrutement des soldats et supervisait la collecte des impôts. Lors de la guerre qui opposa la France à la Turquie, en Salonique et aux Dardanelles, en 1870, c’est lui qui fit implanter par les talibés de son neveu Seydina Limamou Laye, le campement militaire de cent cases qui abrita les tirailleurs enrôlés.»
L’étoile est devenue soleil, la flamme est passée flambeau
La décision d’envoyer le Cheikh en exil fait suite à sa comparution devant le Conseil Privé au palais du Gouverneur Général à Saint-Louis, le 5 septembre 1895. Après son arrestation à Jewol, le samedi 10 août 1895, Serigne Touba séjourna à Saint-Louis jusqu’après son jugement. Dans l’acte d’accusation on pouvait lire cette contrevérité manifeste : «Ses agissements et ceux de ses talibés menacent de troubles la tranquillité du bas Sénégal». Il fut condamné à l’exil. En guise de signature, il parapha au bas du document qui lui fut présenté, la sourate «Al Ikhlas» (La pureté). Une façon assez éloquente de montrer son attachement à la pureté de sa foi. 

Et, nous rappelle Cheikh Moussa Kâ, dans son poème intitulé «Nattoo di kerkeraani lawliyaa’i», (l’épreuve est le reposoir du saint), où il parle des bienfaits dont sont porteuses les épreuves que Dieu destine à ses créatures, la condamnation à l’exil était de mode à l’époque. En effet, le colonisateur exilait aussi bien ses ennemis défaits par les armes que quiconque à ses yeux pouvait représenter un danger ou simplement un obstacle à sa tentative de domination et d’exploitation du pays, d’asservissement et d’aliénation des populations. Dans le même poème, «le chantre de Bamba» cite, en exemple, des noms d’exilés célèbres, à savoir, Ahmadou Aminata, petit fils de Serigne Makhtar Ndoumbé, fondateur du village de Koki, Almamy Samory Touret, qui opposa aux Français une résistance armée de 18 années, etc.
«… Dieu parachèvera sa lumière, dussent les infidèles en concevoir du dépit » (Coran : S. 9, V : 32). Serigne Touba reviendra d’exil, après sept années de rudes épreuves, auréolé de gloire. L’étoile que l’on a cherché à éteindre était devenue un soleil. La flamme qu’il avait allumée était devenue un flambeau…


vendredi 18 septembre 2015

PHOTO - SOUVENIR : Serigne Saliou Mbacké en séance de prières avec Dabakh. Regardez!

L’image est belle, le symbolisme fort! 
Deux hommes, que seul le sceau de l’islam importait, communient dans une séance de prières et démontrent à suffisance les relations qu’entretiennent leurs familles religieuses, unies en une seule par des liens puissants qu’ont su consolider Serigne Saliou M’backé et Mame Abdoul Aziz Sy Dabakh…

jeudi 17 septembre 2015

Les liens de parenté entre Serigne Touba et El Hadji Malick Sy (par Mame Mactar Guèye Jamra)

LE MÊME ARBRE GÉNÉALOGIQUE unit Cheikh Ahmadou Bamba Mbacke et Seydil Haj Malick Sy. Dans cette vidéo/audio, Mame Abdou Aziz Sy Dabakh rappelle les liens de parenté, très étroits, unissant les deux familles religieuses, de Touba et de Tivaouane. Cheikh Amadou Bamba, fondateur de la Mouridya, est le cousin paternel de Seydi El hadji Malick Sy. En effet, MAME MARAME MBACKE, LEUR GRAND PÈRE COMMUN avait trois fils :

1) Amadou Farimata, 2) Thierno Farimata et 3) Ibra farimata.

1) AMADOU FARIMATA est le père de Maty Macké, elle même mère de Mame Ousmane Sy, père de EL HADJI MALICK.

2) THIERNO FARIMATA a eu comme fils Mame Balla AÏssa Boury, père de Mame Mor Anta Sally, ascendant direct de CHEIKH AHMADOU BAMBA.

3) IBRA FARIMATA est le père de Khary Mbacké, dont le fils Ngagne Niang est le père de Sokhna Safiétou Niang, mère d'El HADJI ABDOUL AZIZ DABAKH !

Ainsi, les deux Cheikh ont le même arrière grand-père: MAME MAHARAM MBACKE; et le même arrière-arrière grand père, du coté maternel comme paternel : ATOUMANE ARAME NGOM NIANG.

CI-APRÈS LES DÉTAILS DES FILIATIONS PATRILINÉAIRE ET MATRILINÉAIRE DE KHADIMOU RASSOUL ET DE MAODO MALICK :

I) COTE PATERNEL DE KHADIMOU RASSOUL
1. Atoumane Arame Ngom NIANG
2. Père de Sokhna Arame NIANG
3. Mère de Ma Arame Niang MBACKE
4. Père de Balla Aysa Deme MBACKE
5. Père de Momar Anta Saly Kane MBACKE
6. Père de KHADIMOU RASSOUL (6ème génération)

II) COTE PATERNEL DE EL HADJ MALICK SY
1. Atoumane Arame Ngom NIANG
2. Père de Sokhna Arame NIANG
3. Mère de Ma Arame Niang MBACKE
4. Père de Thierno Farimata Seck MBACKE
5. Père de Sokhna Ndeye Maty MBACKE
6. Mère de Ousmane SY
7. Père de El Hadj Malick SY (7ème génération)

III) COTE MATERNEL DE KHADIMOU RASSOUL
1. Atoumane Arame Ngom NIANG
2. Père de Mademba Ma Arame Yatma NIANG
3. Père de Danou Ndoumbé NIANG
4. Père de Sokhna Asta WALO
5. Mère de Mame Diarra BOUSSO
6. Mère de Khadimou RASSOUL (6ème génération)

IV) COTE MATERNEL DE EL HADJ MALICK SY
1. Atoumane Arame Ngom NIANG
2. Père de Mademba Ma Arame Yatma NIANG
3. Père de Serigne Abdou Daado NIANG
4. Père de Sokhna Famata Boury NIANG
5. Mère de Sokhna Fa Wade WELLE
6. Mère de El Hadj Malick SY (6ème génération)

EN RÉSUMÉ:

1. Mademba Ma Arame Yatma NIANG et Sokhna Arame NIANG ont le même Père : Atoumane Arame Ngom NIANG

2. Sokhna Arame NIANG est la Mère de Ma Arame Niang MBACKE qui est le dénominateur commun entre Khadimou RASSOUL et El Hadj Malick SY du coté Paternel ; ce qui fait que KHADIMOU RASSOUL est l’oncle de El Hadji MALICK, du coté paternel

3. Mademba Ma Arame Yatma NIANG est l’unique grand père de Sokhna Famata Boury NIANG (Mère de Sokhna Fa Wade WELLE, qui est la mère de El Hadji Malick Sy) et de Sokhna Asta WALO (Mère de Mame Diarra BOUSSO, laquelle est la mère de Serigne Touba). Ce qui fait encore de CHEIKH AHMADOU BAMBA MBACKE et de El HADJI MALICK SY des cousins du coté Maternel.

«Yalna Yalla yok séén léér».

Mame Mactar Guèye Jamra
(Source: Archives nationales du Sénégal)



mardi 15 septembre 2015

TOUBA: La Tabaski sera célébrée le vendredi 25 septembre 2015 (officiel)

La fête du sacrifice appelée ’Idul Adhâ, est célébrée chaque année au 10ème jour du mois lunaire de " Dhul Hijjati " par les musulmans du monde entier. C’est une recommandation Divine. Elle est plus connue au Sénégal sous le nom de Tabaski. Elle sera donc célébrée cette année le vendredi 25 septembre 2015.

lundi 14 septembre 2015

La biographie de Serigne Abdoul Aziz SY Dabakh (1904 - 1997)

Serigne Abdou Aziz Sy (1904-14 septembre 1997), appelé aussi Cheikh El Hadj Abdou Aziz Sy Dabakh, fut le troisième khalife de la confrérie musulmane soufie Tidjane du Sénégal, de 1957 à 1997.

Fils de El Hadj Malick Sy, pionnier du tidjanisme au Sénégal, et de Sokhna Safiyatou Niang, Serigne Abdou Aziz Sy est né en 1904 à Tivaouane.

Dans sa jeunesse, il fit de longues études islamiques y apprenant notamment le Coran et son exégèse, le droit islamique malikite, la langue arabe, la théologie Ash'arite, le Soufisme et les relations humaines.

Il accéda au titre de khalife de la Tidjanya au Sénégal le 13 mai 1957, après la mort de ses frères aînés Seydi Ababacar Sy et El Hadj Mouhamadou Mansour Sy, eux-mêmes khalifes, et tous deux décédés quasi simultanément. Son surnom Dabakh (il est généreux en Wolof) est dû à sa grande générosité et à son ouverture.

Durant son khalifat, il fit de nombreux voyages, notamment au Maroc, en Arabie saoudite, aux États-Unis, en France, en Mauritanie, suite aux nombreuses sollicitations qu’il reçut, en rapport avec la haute maîtrise qu’il avait du savoir islamique. Son discours à la Mecque en 1965, au congrès islamique, où il fut remarqué, non seulement pour sa maîtrise de la langue arabe, mais aussi pour la pertinence et la haute portée de son discours, reste encore dans la mémoire du tidjanisme en Afrique.

Au Sénégal, il œuvra beaucoup dans le domaine agricole et reçut en 1965 une médaille dans ce domaine. C’était aussi un grand commerçant.

Doué en chant et en poésie, il mena plusieurs fois, avec sa voix caractéristique, les chœurs religieux lors de la nuit du Mawlid, fête de la naissance de Muhammad. Il lutta aussi pour une meilleure cohésion entre les différentes confréries musulmanes du pays.

Il meurt le 14 septembre 1997 et son neveu Serigne Mansour Sy lui succède dans ses fonctions de Khalife des Tidianes.

vendredi 4 septembre 2015

A la découverte du premier « millionnaire mouride » célébré ce vendredi à Darou Salam

Il aimait deux choses : Serigne Touba et le travail. Parmi ses exploits figurent la visite rendue à son maître au Gabon lors de l’exil du Cheikh, son accueil légendaire réservé à ce dernier en 1902, son rôle d’argentier mouride qui savait dépenser sans compter pour le triomphe de l’Islam, ses connaissances religieuses singulières etc… Il, c’est Mame Cheikh Anta Mbacké. Les mourides se rappellent ce guide religieux et de ses relations exemplaires avec Cheikh Ahmadou Bamba, ce vendredi 4 septembre.



Mouhammad Ibn Moctar Ibn Abiballah ou Sidi Mokhtar, plus connu sous le nom de Mame Cheikh Anta Mbacké, est venu au monde à Porokhane en 1861. Sa mère s’appelait Sokhna Anta Ndiaye et son père Mame Mor Anta Sally.  
Ce guide religieux fit ses humanités auprès de plusieurs marabouts, comme Serigne Ndame Abdourahmane Lô et Serigne Mor Seck de Thiouboulène. C’était l’un des rares hommes sur qui Serigne Touba comptait le plus, lors de son exil au Gabon pour soutenir talibés et enfants. Le Cheikh lui accordait une considération singulière, ce qui fit de lui l’un de ses principaux confidents. D’ailleurs, Mame Cheikh Anta fut l’une des rares figures historiques à rendre visite au Cheikh dans son exil gabonais, alors que le chemin était parsemé d’embûches. Ce fut en 1889. Le 11 novembre 1902, il accueillit Cheikh Ahmadou Bamba de retour d’un exil qui aura duré 8 longues années. L’histoire enseigne qu’il est monté sur le bateau amarré au port de Dakar, pour embrasser celui qu’il aimait par-dessus tout, avant de l’accompagner à terre, fouler de nouveau le sol du Sénégal. Il organisa à la suite de cela, un accueil exceptionnel à Darou Salam à Khadim Rassoul, en sacrifiant chameaux, bœufs, moutons, poulets etc… Depuis, l’événement est commémoré et s’impose aux yeux de l’histoire, comme étant le premier magal célébré par la communauté mouride.  

Mame Cheikh Anta, le premier argentier mouride  

Pour avoir fait du travail son occupation principale, Mame Cheikh Anta était devenu l’un des hommes les plus riches de sa génération. Sa fortune que les historiens n’ont jamais réussi à estimer, a servi à bien des œuvres coordonnées par Serigne Touba. Il fut surnommé « Borom Derem ak Gërëm ».  
Du chemin de fer à la construction de la mosquée de Diourbel, Mame Cheikh Anta s’évertuait à démultiplier les enseignements du Cheikh. Il mit ainsi en place des daaras productifs dans plusieurs localités du pays dont Gawane à Bambey en 1905. Un an après le rappel à Dieu de son maître, Mame Cheikh Anta accomplit le pèlerinage à La Mecque. Il s’y était rendu, en effet, en compagnie de chefs religieux comme Serigne Fallou Mbacké, Serigne Mbacké Bousso, Serigne Cheikh Tacko Mbacké et quelques uns de ses talibés, dont Serigne Tacko Fall. Les sources renseignent qu’il avait, entièrement financé l’expédition de sa poche. Mame Cheikh Anta disparut en 1941... 

mercredi 2 septembre 2015

Biographie de MAME CHEIKH ANTA MBACKE « Boroom Gaawaan » (1867-1941)

Qui était Borom Gawane ? Cheikh Sidy Moukhtar MBACKE, communément appelé Mame Cheikh Anta, est né à Porokhane dans la région du Saloum en 1867. Sa mère est Mame Asta Walo MBACKE, plus connue sous le nom de Mame Anta Ndiaye. Son père est le célèbre cadi Serigne Momar Anta Saly, il est le frère cadet de Cheikh Ahmadou Bamba. 

Ses études : Il a appris le Coran auprès des maîtres coraniques célèbres. Le plus connu parmi eux, pour lui avoir enseigné le plus, est Cheikh Abdou Rahmane LO. C’est auprès de son grand frère Serigne Mor Diarra qu’il a étudié les sciences islamiques avant de rejoindre Cheikh Ahmadou Bamba qu’il ne quittera plus jamais. 

Son éducation : Mame Cheikh Anta voyait en son frère Cheikh Ahmadou Bamba un homme de Dieu, un guide spirituel qui perfectionne, à courte durée, l’état de ses compagnons et améliore leurs actes. Il n’avait pas hésité à se soumettre à ses ordres. Il lui vouait une obéissance totale et cherchait à chaque instant à lui satisfaire. Il a été parmi les premiers à recevoir l’éducation du Cheikh et sa formation. Celui-ci accordait une attention particulière à la formation de son disciple et frère ; il le préparait aux tâches importantes qu’il devra assumer par la suite en faveur du mouvement mouride et des fidèles. Faisant preuve d’une parfaite disposition à recevoir cette formation, Mame Cheikh Anta était devenu l’un des hommes de confiance du Cheikh et l’un de ses conseillers les plus proches, leurs correspondances en constituent une parfaite illustration. Mame Cheikh Anta, personnalité multidimentionnelle A l’instar de tous les grands hommes du Mouridisme formés par le Cheikh, Borom Gawane était un éducateur spirituel ayant sous sa direction plusieurs daara où ses disciples exerçaient comme activité secondaire une agriculture de grande envergure. Cependant il ne se contentait pas de cette activité traditionnelle qui ne satisfaisait pas ses grandes et nobles ambitions pour plusieurs raisons. D’abord, il y avait devant lui ce mouvement naissant dirigé par son frère et guide qui était confronté à d’énormes difficultés et entouré de menaces de la part des ennemis de l’Islam. Les disciples subissaient de graves atrocités. A cela s’ajoutaient les nécessités de la vie quotidienne et les recommandations de l’Islam qui font de l’aide aux nécessiteux une obligation. Mame Cheikh Anta ne pouvait pas avoir la conscience tranquille devant cette situation préoccupante qui nécessitait, pour l’atténuer ou pour s’en sortir, l’assurance d’une autonomie financière. Après avoir bien analysé la situation, il s’était lancé dans le domaine de l’investissement ; il importait et tissait de vastes relations commerciales avec les grands financiers de son époque. Il devient ainsi l’un des plus importants hommes d’affaires du pays. Il possédait des biens fonds, d’un parc automobile impressionnant et de plusieurs magasins. Il a été même considéré en 1919 l’homme le plus riche du pays. Mais avec une générosité légendaire, Mame Cheikh Anta consacrait tous ses biens au service des musulmans, en général, et des Mourides en particulier comme nous le verrons plus bas. 

Mame Cheikh Anta et la vie politique : Il s’intéressait à la vie politique du pays. Il observait ses importantes mutations en suivant de très près les informations. Il cherchait même à avoir une certaine influence sur cette politique en soutenant l’un des acteurs en compétition afin de sauvegarder l’intérêt général et celui des musulmans. C’est ainsi qu’il avait porté son soutien à la candidature de Ngalandou DIOUF à la députation au parlement français. 

Sa déportation à Ségou (Mali) : Cette attitude de Mame Cheikh Anta dans ces élections lui avait valu la colère de Blaise Diagne, l’adversaire de Ngalandou. Après avoir fomenté de fausses accusations, Blaise avait donné l’ordre de l’interner jusqu’à Ségou de 1929 jusqu’en 1935. Dans une déclaration, Serigne Mbacké BOUSSO a défendu la position de Mame Cheikh Anta en prouvant sa bonne foi et son innocence et en démontrant que son accusation n’était, en fait, qu’une machination sans aucun fondement de vérité. En réalité, cette déclaration était davantage un soutien moral et une dénonciation de cet acte odieux qu’une simple preuve d’innocence de Mame Cheikh Anta. Elle illustre bien aussi la profondeur des relations des deux hommes. 

Ses actions et ses réalisations : Boroom Gaawaan avait consacré toute sa vie aux œuvres profitables à l’ensemble des musulmans, à la contribution à la prospérité de la communauté mouride et au soulagement des souffrances des fidèles. 

Ayant comme slogan ce verset du Saint Coran « Tout ce que vous dépensez dans la bonne cause, Dieu le saura », Mame Cheikh Anta avait toujours fait preuve d’une générosité légendaire dans les moments difficiles.

Ses réalisations sont ainsi innombrables. Toutefois, nous tenons à en citer quelques-unes à titre d’exemples sans entrer dans les détails. Lors d’une grave sécheresse, il avait distribué aux sinistrés une quantité de riz estimée à 125.000 tonnes. Il prenait en charge et sauvegardait les infrastructures de la communauté musulmane contre les oppresseurs et les agresseurs. Il soutenait les petits commerçants en leur accordant beaucoup de facilités sur le plan financier. Au compte de son maître, il s’acquittait de certaines obligations familiales et offrait des dons et des cadeaux aux oulémas et aux chefs religieux.

Il distribuait de nombreux cadeaux aussi bien aux proches du Cheikh qu’aux autres chefs religieux afin de solliciter leurs prières en faveur des musulmans durement affectés par la déportation du Cheikh. Il intervenait beaucoup auprès des autorités coloniales, tantôt pour recueillir des informations concernant son frère et maître, tantôt pour demander le retour de celui-ci à son pays. Il a aménagé des routes à Diourbel pour faciliter l’accès des visiteurs à la résidence du Cheikh. Il a été le premier à faire imprimer un recueil de poèmes composés par Cheikh Ahmadou Bamba. Il a réalisé l’un des vœux les plus chers à Cheikh Ahmadou Bamba en finançant un pèlerinage qu’il a effectué en compagne de Serigne Mbacké BOUSSO et de Serigne Fallou.


Son pèlerinage : Mame Cheikh Anta était accompagné à ce mémorable voyage aux Lieux Saints d’éminentes personnalités parmi lesquelles Cheikh Mouhammad al-Fâdil (Serigne Fallou), Cheikh Mbacké BOUSSO, Serigne Moulaye fils de Serigne Mbacké BOUSSO et son propre fils Serigne Tacko. Les péripéties de ce voyage sont racontées dans un beau récit écrit par Cheikh Mouhammad al-Fâdil lui-même. 

Ses relations : Boroom Gaawaan entretenait d’excellentes relations aussi bien avec le Cheikh et ses proches qu’avec les autres. Les profondes et exceptionnelles relations spirituelles qui le liaient à son frères et maître depuis sa tendre enfance se sont renforcées au fil des années. Quant à ses liens avec ses proches et les autres figures du Mouridisme, ils étaient bien connus : il jouissait du respect et de l’amitié de tous sans exception aucune. Toutefois, l’amitié qui lie liait à Serigne Mbacké BOUSSO et à Cheikh Mouhammad al-Fâdil était singulière. Profondément touchés par la déportation de Boroom Gaawaan à Ségou (Mali), chacun lui avait témoigné de son soutien ; l’un par écrit et l’autre par une visite qu’il lui a rendue à Ségou et lors de laquelle il lui a prédit la fin des épreuves et son retour imminent à son pays. Par ailleurs, Mame Cheikh Anta avait tissé de vastes et bonnes relations avec le monde extérieur en raison de ses activités commerciales. En somme, il ne s’agit ici que d’un aperçu de la vie de cette grande figure du Mouridisme, cette personnalité multidimensionnelle dont l’œuvre témoigne d’une ferme et sincère détermination, d’une vision extraordinaire et d’un dévouement inégalable au service du Cheikh, de ses disciples et de l’ensemble des musulmans. L’importance et la portée de ses positions nous rappellent en effet le troisième Khalife de l’Islam Sayyidinâ ‘Uthmân ibn ‘Affân –que Dieu l’agrée et ses largesses. Le fait que le Cheikh lui a confié Darou Salam, son premier village, et lui a réservé l’honneur de sa réception à son retour de l’exil au Gabon illustre parfaitement de sa confiance et son estime pour son frère et disciple Cheikh Anta. Boroom Gaawaan a été rappelé à Dieu le 1er janvier 1941 à Darou Salam où se trouve son mausolée. Que Dieu puisse l’agréer et bénir les actes de ses successeurs ! Amen ! 

Par Khadim MBACKE Cheikhou