Quand, en 1914, naquit à Diourbel Cheikh Abdoul Ahad, celui qui allait devenir le troisième Khalife Général des Mourides, Cheikh Ahmadou BAMBA, prenant à témoin ses plus proches disciples déclara : " Priez pour lui afin qu’Allah lui accorde longue vie car, en lui, je place un espoir immense. " Nous ne sommes donc pas surpris que Baye Lahat comme l’a respectueusement surnommé la Communauté Mouride ait laissé dans le cœur des mourides, plus de vingt ans après sa disparition, un renom, une popularité et un charisme que rien n’a entamés, à la mesure des espoirs de son illustre Père et Maître.
Une opinion très répandue est que, si le Coran pouvait s’incarner sous une figure humaine, il aurait, à coup sûr, emprunté les traits de Serigne Abdoul Ahad. Autant le Coran est la VERITE suprême, autant Baye Lahat avait élevé au rang de sacerdoce la pratique de la vérité. L’imaginaire populaire a gardé de lui le souvenir d’un homme sobre dans sa gestuelle et dans sa vêture, très convivial dans sa courtoisie et sa serviabilité envers son prochain, mais opiniâtrement arc-bouté sur la Vérité. Il était connu que, personne, pût-il s’agir de la plus haute autorité qu’on puisse imaginer ou du parent le plus proche, ne saurait trouver grâce auprès de lui ou compréhension protectrice, s’il est dans le tort.
D’ailleurs, n’est-ce pas lui qui, dans un sermon mémorable, a donné le ton en affirmant qu’un musulman doit se retrancher opiniâtrement dans la Vérité et, dans la circonstance, considérer comme de nulle différence le fait de vivre dans la chaude et agréable sécurité d’un environnement qui partage ses convictions et celui d’être en butte à l’amertume de l’hostilité des détracteurs. Ce qui est déterminant, c’est que la constance dans ce qui juste engendrera pour lui ce qu’il y a de meilleur.
Si par sa constance dans le service de Dieu un croyant réussi à gagner l’agrément divin, nulle entreprise humaine, nulle coalition, fût-elle dotée des moyens les plus sophistiqués, ne saurait lui causer le moindre préjudice. Par contre rien ne peut préserver une créature de la sanction divine si elle a le malheur d’avoir contrevenu à La Loi. Pas même l’approbation humaine la plus unanime, encore moins les témoignages les plus élogieux de ses semblables.
Cet homme, de l’étoffe rarissime dont les témoins Véridiques d’Allah sont faits, a assimilé le Coran et les Sciences religieuses collatérales, très tôt, sous la férule de son oncle Serigne Amsatou DIAKHATE, frère de sa sainte mère, la vertueuse Sokhna Mariama DIAKHATE qui aura aussi le bonheur d’être la mère de Serigne Souhaïbou MBACKE, cet autre preux chevalier de l’Islam. De l’œuvre de son vénéré Père, il a une connaissance si pointue, une considération si profonde, que sa vie est la parfaite illustration des enseignements qu’elle véhicule.
Nous savons que Cheikh Ahmadou BAMBA enseigne à ses disciples le culte exclusif de l’Unique et une pratique fondée sur la Sunna. La connaissance approfondie des textes sacrés (Coran, Hadiths, Sciences religieuses, etc.) est évidemment un préalable incontournable, dans l’esprit du Cheikh qui, parallèlement, a élevé au rang de dogme sanctifiant, le travail honnête. Il est maintenant facile de comprendre pourquoi, pendant le long magistère de Serigne Fallou son prédécesseur (1945 à 1968), Serigne Abdoul Ahad ait, dans une discrétion, un effacement frisant parfois la recherche de l’anonymat, consacré sa vie travail en s’évertuant à ne vivre que du fruit honnête et licite de son travail. Son statut de fils du Maître l’autorise pourtant, s’il l’avait voulu, à vivre dans l’opulence, des offrandes (adiya) des disciples mourides. Il a préféré, en talibé parmi les talibés, exercer de ses mains, toute forme d’activités pour vivre de sa peine. D’ailleurs, n’a-t-il pas fait vœu, ainsi que tous ses frères et sœurs au demeurant, d’abdiquer de son rang de fils du Cheikh pour ne briguer que celui de talibé ?
En talibé exemplaire, on l’a vu, agriculteur émérite, manier lui-même dans ses champs, les instruments aratoires, avec dextérité et maîtrise. Sa productivité fut telle que dans ses exploitations de Touba Bélel, de Bokk Barga, de Kadd Balooji, de Mbara Dieng, il a gagné les galons de premier agriculteur.
Il a exercé le métier de commerçant, cependant sans jamais encaisser de ses clients plus qu’il ne lui est du. Il a même tâté du transport en commun. A l’évidence, une telle volonté de " mettre la main à la pâte " dénote chez lui, la volonté de s’assurer des revenus licites au point de vue de l’Islam.
Cette période de " galère " a permis à Baye Lahat d’engranger une extraordinaire somme d’expérience de la vie, une connaissance approfondie de la nature humaine, toutes choses qui, fécondées par la sagesse insondable puisée du terroir wolof, lui seront d’un concours inestimable pour la gestion de la Communauté, quand vint son tour d’exercer le Khalifat.
En effet, c’est un parfait inconnu du grand public qui accéda aux hautes fonctions de Grand Timonier de la communauté mouride quand, le 6 août 1968 Serigne Fallou rejoignit son Maître bien aimé au Paradis. La Communauté en particulier et le monde en général découvre un homme droit, honnête, ennemi irréductible du mensonge, de la duplicité et de l’hypocrisie. Sa rigueur inflexible le conduit très vite à mettre sur les rails un train de réformes de fond dont les résultats ne tardèrent pas à donner au Mouridisme un nouveau visage, tout de rectitude empreint.
Dès son avènement, Serigne Abdoul Ahad donne le ton. Il a d’emblée déclaré qu’à ses contemporains, il servirait de témoin, ici-bas et dans l’au-delà, à condition qu’ils s’enracinent dans la vérité et le service de Cheikh Ahmadou BAMBA ; en conséquence, que ceux qui emprunteront les voies tortueuses des faux-semblants sachent qu’ils n’ont rien à voir avec lui, qui qu’ils puissent être.
Ainsi, on a pu voir Baye Lahat mettre fin et de façon énergique aux sévices de ces " conférenciers publics " appelés " diwaan kat " Ces marchands d’illusion fondaient leur subsistance sur l’exploitation de la crédulité populaire. Par leur discours pernicieux, ils forçaient la générosité du talibé moyen en lui faisant miroiter l’accès facile au Paradis (même en tordant allégrement le cou aux principes de l’Islam), pourvu seulement qu’on fasse acte d’allégeance à Serigne Touba. A l’évidence Serigne Abdoul Ahad ne pouvait permettre que puisse prospérer une telle supercherie, au demeurant très préjudiciable à l’image du Mouridisme et de la Communauté elle-même.
On comprend que tous ses discours soient l’occasion de réaffirmer au passage, haut et fort, l’authenticité du message de Serigne Touba qui n’est autre que l’orthodoxie musulmane dans le sillage de l’Elu (P.S.L.) L’on n’est point surpris de la récurrence dans ces discours des références à la Vérité telles que le Coran les énonce. Nous nous souvenons par exemple que, pour rétablir l’ordre à propos de l’utilisation qui était faite par certains de la Grande Mosquée, sa base argumentaire a été cette citation du Coran : " Wa xul jaacal haqu wa za haqal baatilu innal baatila kaana za huqan. " La vérité et le mensonge ne sauraient cohabiter.
Par la parole persuasive et par l’exemple incitatif, Baya Lahat a explicité avec une rare réussite, la doctrine du travail rédempteur professé par son illustre père. Sans risque d’être démenti, nous pouvons affirmer que c’est son discours et son exemple qui ont insufflé aux disciples mourides cet esprit combatif avec lequel ils vont à la conquête du monde.
En multipliant les daaras, il a contribué à accentuer l’orientation de la communauté vers l’étude, la recherche de la connaissance car c’est seulement à cette condition qu’on peut rendre à Dieu le culte qui lui est du. Et, dans son esprit, il l’a clairement dit dans un de ses sermons, la connaissance ne peut profiter qu’à ceux qui ont, " chevillé au corps ", l’amour de la vérité, pour la seule face de Dieu. Par exemple, le musulman, cinq fois par jour au moins, se tourne vers l’est pour les besoins des prières obligatoires. Cela présuppose qu’il reconnaît que Dieu est un et qu’il seul maître de la création, que Muhammad (P.S.L.) est le sceau des Prophètes et, qu’inéluctablement, le jour du jugement dernier arrivera. Cela est d’ailleurs la quintessence de la profession de foi que le musulman énonce au moins deux fois dans le " taya " au cours de chaque prière :
" wa ash hadu ana lazi jaaca bihi Mouhamadan haqun wa anal janata haqun wa ana naara haqun wa ana siraata haqun wa ana saahata aatiyatun la rayba fihaa wa ana laaha yab ha su man fil xuboori "
[J’atteste que le Message du Prophète Muhammad (P.S.L.) est véridique, que le Paradis est véridique, que l’enfer est véridique, que " Siraat " est véridique, que le Jugement dernier aura lieu sans nul doute.
Fort de cette conviction, Serigne Abdoul Ahad, chaque fois qu’il en a l’occasion, invite les musulmans à se souvenir de cette profession de foi qui ne doit pas seulement rester au stade de formule proférée par la langue mais intégrée dans le vécu quotidien. Que nos actions, nos paroles, nos intentions, tout comme nos vœux pour notre prochain soient illuminés de la lumière de la Vérité pure car viendra un jour où tout le monde rendra compte.
Une autre facette de la riche personnalité de Baya Lahat est, en parfait conformité avec les enseignements de Cheikh Ahmadou BAMBA, son parfait ancrage dans les valeurs du terroir, du moins dans ceux de leurs aspects qui ne heurtent pas l’Islam. Ainsi, sans exagérer, on peut souligner sa grande fierté à appartenir à l’espace culturel négro musulman. Le Coran a établi qu’en Islam, la seule hiérarchisation des hommes qui vaille se définit comme une fonction directe de la crainte révérencielle de Dieu, à l’exclusion de tout autre critère, surtout ceux tenant à la race, à la naissance, à la fortune ou au rang social.
Ceux des hommes qui sont considérés comme étant les meilleurs sont ceux qui se signalent par la profondeur de leur respect des principes énoncés par Dieu. Dès lors Cheikh Abdoul Ahad, comme on l’appelle aussi en signe de respect pour sa grande érudition, nous enseigne que nul complexe d’infériorité ne doit nous habiter face à l’Arabe sous le prétexte que l’Islam a été révélé aux hommes dans sa terre et que sa liturgie s’exprime dans sa langue ; le blanc ne nous est pas supérieur et nous nous garderons bien de le singer d’autant plus que ses valeurs de civilisation, par bien de leurs aspects, sont incompatibles avec notre foi. Considérons donc, toujours selon Serigne Abdoul Ahad, que nous sommes des négro africains qui s’assument fièrement tels qu’il a plu à Dieu de les créer.
Nous pratiquons sans complexe aucun l’Islam qui est un message universel qu’aucun peuple ne peut s’approprier exclusivement. Nous appréhendons maintenant le fondement culturel du comportement du mouride. Celui là revendique son islamité à part entière, mais une islamité exempte de toute forme d’inféodation à des schémas ou modèles pan arabes. Il est un musulman orthodoxe qui donc fonde sa pratique sur la Sunna de l’Elu (P.S.L.) qu’au demeurant Cheikh Ahmadou BAMBA a réhabilitée dans toute sa splendeur, dans toute son authenticité. Son habillement ne sera pas d’inspiration arabe ou autre, mais sera africain et surtout musulman. C’est à dire que cette vêture respectera à la lettre les canons édictés par l’Islam : ni étriquée, ni courte, ni transparente, ni taillé dans des tissus prohibés, comme par exemple la soie pour les hommes. Le vêtement remplira sa fonction, à savoir, couvrir le corps en assurant la décence et être suffisamment fonctionnel pour permettre de faire la prière de façon réglementaire et le travail sans être gêné aux entournures. Et voilà ainsi décrit le fameux " baye lahat ", que Baye Lahat a évidemment mis au point et qui est devenu sans conteste, le costume par excellence du mouride, en tout cas, un de ses signes distinctifs à côté du " makhtou ".
Encore aujourd’hui, c’est avec une émotion indicible que nous évoquons la sympathique silhouette de Cheikh Abdoul Ahad, invariablement habillé d’un superbe " baye lahat " taillé dans du tissu basin, la tête emmitouflé dans un épais turban fait de la même étoffe et les yeux protégés par d’élégantes lunettes noires. Le portrait est complété par l’exemplaire du saint Coran qu’il tient toujours à sa main droite et par le chapelet enroulé au poignet de la même main.
Cette vêture sobre, à la limite austère, est le meilleur signe de la répulsion du luxe et des mondanités d’un homme qui pourtant disposait des moyens les plus fantastiques pour mener une vie fastueuse. C’est un homme qui au cours de son magistère a eu à brasser des sommes colossales évaluées à des milliards de francs et qui avait le loisir de s’en servir à sa guise sans craindre aucune forme de contrôle, sans encourir une quelconque contestation. Pourtant, il n’a jamais confondu son avoir personnel et les contributions des talibés qu’il a entièrement et intégralement investis dans le " travail de Serigne Touba. " Bien qu’il ait été ravi à notre affection depuis juin 1989, les sermons qu’il nous a laissés et qui sont encore d’une brûlante actualité et d’une acuité indéniable, continuent d’être une source d’inspiration privilégiée pour les mourides.
Ces sermons ont la particularité d’être structurés comme de véritables dissertations. Ils en ont la structure dialectique, la rigueur scientifique du raisonnement, la clarté de l’exposé et le pouvoir de persuasion. Leur base argumentaire est invariablement le Coran, les Hadiths, les Qaçaïds. Comme Serigne Abdoul Ahad maîtrise à merveille les subtilités de la langue wolof et que son génie est amplement nourri par la sève de la sagesse du terroir (Cayor et Baol) et le bon sens paysan, c’était un réel plaisir d’entendre parler ce monument de l’éloquence.
Ce n’est donc pas surprenant que ces sermons aient été rassemblés, classés par centre d’intérêt, transcrits et traduits pour les besoins de leur édition sous forme de recueils, en vue de leur publication. On peut, à coup sûr, y trouver réponse à toute forme d’interrogation pour conduire sa vie de talibé. Parlez à un mouride et il y a de fortes chances que, pour étayer son argumentaire, il cite des extraits de sermon de Serigne Abdoul Ahad. L’on est frappé par la pertinence, l’à propos, la portée et la force de persuasion de ces succulents discours qui, rappelons-le, ont pour dénominateur commun l’expression sans aucune complaisance, dans la plus pure langue wolof, de toute la force, de toute la vérité du Coran.
" Gnakk Caaxaan " est un autre surnom par lequel Serigne Abdoul Ahad a été, de façon fort éloquente, désigné pour signifier que tout en lui exècre les faux-fuyants, la simulation, la dissimulation, la duplicité. On rapporte que, ce surnom, il l’a apprécié très positivement, comme un hommage à son amour de la vérité, autrement dit, à son attachement indéfectible au legs de son Père et de ses illustres prédécesseurs au Khalifat.
L’ardeur, l’opiniâtreté, et, surtout, le génie qu’il mettra à améliorer et à fructifier ce legs lui ont valu le prestigieux pseudonyme de BATISSEUR. D’une grosse bourgade rurale, il a fait en quelques années, une cité moderne en pleine expansion. Avec lui, Touba est devenu un vaste chantier en perpétuel devenir.
Pour les besoins de la fluidité de la circulation, surtout en période de Magal, l’axe qui relie Touba à Mbacké est transformé en une superbe autoroute, puissamment éclairée la nuit par une batterie de lampadaires très performants. Dans le même ordre d’idées, la ville est ceinturée par une rocade afin d’assurer un rapide dégagement des véhicules qui, autrement engorgeraient l’agglomération.
Les rues son tracées de façon rectiligne dans le cadre d’un lotissement scientifiquement mené. Certains de ces axes sont bitumés au grand bonheur des usager. Le lotissement a permis la viabilisation de près de 120 000 parcelles à usage d’habitation et qui ont été attribuées de façon absolument gratuite et sans discrimination aux demandeurs qui se sont manifestés. La seule conditionnalité exigée est de mettre en valeur le terrain reçu et de s’y installer effectivement.
Pour l’approvisionnement en eau, de nombreux forages sont réalisés et équipés, parallèlement à un important réseau d’adduction. Ainsi, la pression de la demande pendant les Magal et autres célébration, est considérablement allégée.
La Grande Mosquée est l’objet d’importants travaux d’extension. Pour un milliard et demi, la capacité d’accueil de l’édifice passe pratiquement du simple au double grâce à l’aménagement d’espaces bien aérés, confortables et propices au recueillement. Parallèlement, la sonorisation est améliorée de façon à permettre aux fidèles de suivre de très loin, la liturgie. Les aires d’ablution sont multipliées et rendues plus fonctionnelles.
De nouveaux cimetières dotés de toutes les infrastructures nécessaires à leur fonctionnalité sont installés à l’est de la cité, sur les bords de la route de Ndindy.
Aïnou Rahmati, le Puits de Miséricorde est modernisé. Une puissante pompe d’un débit de 30m3/heure est installée pour alimenter un château d’eau d’une capacité de 50 000 m3. Pour l’usage des pélerins, 28 robinets sont posés. Ce nombre n’est pas innocent : il symbolise la somme arithmétique des valeurs de chacun des caractères arabes qui servent à écrire TOUBA. Pour comprendre cet aspect de la question, sachez qu’en arabe chaque lettre de l’alphabet est associée à un nombre qui représente sa valeur, de telle sorte la somme des valeurs des lettres qui composent un mot a une valeur indicative quant à l’appréciation du poids mystique de la réalité décrite par ce mot. 28 est donc le chiffre de TOUBA et on le retrouve très souvent dans le traitement de beaucoup de question touchant à la vie de la cité.
Pour abriter les écrits du Cheikh et les trésors inestimables que constituent les nombreux exemplaires du Coran dont la ville dispose et dont la richesse est faite de la diversité de leur origine comme la grande variété de leurs styles de calligraphie, Serigne Abdoul Ahad a érigé, à l’est de la Grande Mosquée une superbe Bibliothèque équipée de moyens sophistiqués de reprographie et d’une imprimerie ultra moderne. Un conservateur de très haut niveau gère ce précieux patrimoine qui compte des ouvrages venus de tous les coins du monde musulman sans parler des écrits des grands cheikhs du mouridisme.
C’est en hommage à son amour avéré pour les livres et le Coran en particulier que ce haut lieu a été choisi pour abriter son mausolée.
L’imposante Résidence Cheikhoul Khadim, à l’ouest de la Mosquée est en principe " la résidence de fonction " du Khalife. En tout cas il abrite les cérémonie officielles lors des grandes célébrations.
La Grande Université Islamique qui se situe au croisement de la Rocade dénommée " 70 " et la route de Daaru Khafoor, face au quartier Touba Madiyana, fait la fierté du monde musulman noir.
L’esplanade de la Grande Mosquée qui abrite les prières des jours de Korité et de Tabaski a été rénovée et dotée des équipements nécessaires à la fonction qui lui est dévolue.
Le marché central est modernisé et doté des installations adéquates. Ce marché dénommé OCAS a acquis un grand renom dans la sous région.
La ville est pourvue d’un hôpital et d’autres centres de santé pour soulager les populations.
La construction d’une gare routière amis en partie fin à une certaine anarchie dans le secteur du transport interurbain.
Pour la sécurité publique et pour lutter contre la délinquance, un poste de Gendarmerie est implanté. En effet, victime de sa réputation de ville refuge, Touba était devenu le sanctuaire de tous les malfrats en rupture de ban et des trafiquants de tout acabit. Serigne Abdoul Ahad allait y mettre bon ordre. Viscéralement attaché à la sauvegarde de l’héritage placé sous sa responsabilité, Baye Lahat a entrepris une croisade impitoyable contre les vices qui avaient commencé à gangrener la ville sainte. Ainsi, une guerre sans merci est livrée aux contrebandiers, aux trafiquants et aux consommateurs des drogues, à l’alcool, au tabac, bref, à tous les marchands de mort qui attisent par leurs méfaits les foyers de la délinquance, ces vecteurs qui mènent infailliblement à la damnation éternelle. Nous lui devons le fait que Touba ait donné corps au slogan " ville sans tabac ", en référence à cette journée mondiale sans tabac qui chaque année, voit la Communauté Internationale demander aux hommes de bien vouloir s’abstenir d’user de tabac, le temps d’une journée.
L’on ne saurait clôturer ce chapitre, loin d’être exhaustif, des réalisations de Baye Lahat sans évoquer au passage, la densification du réseau téléphonique et de l’électrification de la ville. C’est avec lui qu’a commencé le processus qui allait valoir à l’agglomération de Touba l’honneur d’être déclaré cité modèle et surtout d’être reconnue comme la seule ville sans bidonville du monde.
Incontestablement, Baya Lahat a laissé une empreinte indélébile dans la ville de Touba, tout comme dans le cœur des mourides. Nous ne pouvons considérer comme un fait anodin l’avénement du XVème siècle de l’ère musulmane pendant son magistère. Pour nous c’est le signe prémonitoire de la marque profonde qu’il a imprimée sur la Communauté en général et la ville de Touba en particulier. A sa disparition, le 19 juin 1989, il a laissé une cité en plein essor et une communauté résolument soudée, mobilisée autour du culte de l’Unique. L’œuvre et l’enseignement de Serigne Touba, désormais vulgarisés aux quatre coins du monde, illuminent le cheminement des fidèles sur la route de la recherche de l’agrément du Seigneur par l’intermédiation du service rendu au Messager Ultime (P.S.L.) Le mensonge s’en est allé et la vérité s’est installée à demeure. Une conscience claire des tenants et des aboutissants de sa mission a toujours habité Cheikh Abdoul Ahad. N’a-t-il pas dit dans un sermon mémorable : "Au plus profond de moi, je sais avec pertinence que sur ce fauteuil que j’occupe, j’attends la mort qui, de façon inéluctable surviendra un jour. Et, un individu sensé, qui donc sait pertinemment que cette mort est une fatalité, ne peut pas avoir le loisir de nourrir des intentions mauvaises ou de commettre des actes répréhensibles. Il ne doit surtout, ni les commanditer ni les cautionner. "
Nul doute que son Maître se félicite d’avoir investi ses espoirs dans ce grand héros de l’Islam. Nous sommes persuadés qu’au Paradis où il a rejoint le Cheikh, l’Elu (P.S.L.) lui fait fête en raison du travail colossal qu’il a accompli pour le triomphe de la Vérité. Quant à nous, le meilleur hommage que nous pouvons lui rendre, la preuve la plus éclatante de notre reconnaissance à son endroit, ce sera de faire nôtre ses propos que voici : "Il faut que chacun d’entre vous sache que ma résolution est la suivante : je choisirai de me taire de sorte que vous n’entendiez plus ma voix, plutôt que de vous tenir un discours qui, après analyse de votre part, ne débouche pas sur votre profit ici bas ou sur votre salut dans l’au-delà. "