lundi 29 juin 2015

Lettre de Serigne Touba à un Damel du Cayor


Cette lettre inédite fut adressée par Cheikh A. Bamba à un membre de la dynastie aristocratique du Cayor à l'occasion de la disparition de sa mère. Son contenu s'avère, à plusieurs titres, éminemment instructif. En ce sens qu'il constitue une vive interpellation pour tout mortel investi d'un quelconque pouvoir ici-bas et une injonction à tout savant de ne jamais faillir au rappel de la Vérité Intangible, fut-ce aux détenteurs du pouvoir temporel…

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Au Nom de DIEU, le CLÉMENT, le MISÉRICORDIEUX.

« Certes, DIEU est mon MAÎTRE. »

Ô SEIGNEUR ! Accorde la Paix et le Salut à Ton Noble Envoyé.

La Louange soit à DIEU, le VIVANT Qui ne meurt jamais, le PRE-ÉTERNEL dont la Royauté subsiste à toute chose.

Puissent ensuite Ses Bénédictions être répandues sur notre Maître Muhammad, le Dissipateur du doute, sur les Siens, sur ses Compagnons et sur tous ceux qui perpétuent leur œuvre de délivrance…

Ceci dit, reçois de ma part la plus excellente des salutations en même temps que mes condoléances déférentes, à l'occasion du décès de ta mère dont la nouvelle nous est parvenue. Puisse DIEU, le TOUT-PUISSANT, l'ABSOLUTEUR, nous favoriser, ainsi qu'elle, de Sa Miséricorde. Il ne te reste donc désormais qu'à prier pour le repos de son âme et à accomplir des œuvres de bienfaisance en sa faveur pour le restant de ta vie.

Il t'incombe également, à partir d’aujourd’hui, de tourner résolument ton dos aux vains plaisirs de ce bas-monde. Ceci, par un sincère repentir consistant à délaisser toute chose répréhensible au regard de la Shari'a - fut-elle hautement louée par la société - pour te diriger énergiquement vers les choses agréées par la Loi de Dieu - fussent-elles ouvertement condamnées par les gens.

Sache que ce qui a fait disparaître ta mère, de sorte que tu ne puisses plus la voir aujourd'hui, te dérobera très certainement un jour à la vue des tiens. Sache aussi que, pour ce qui est de l'Ange de la Mort, ne peuvent le repousser ni régiments de gardes, ni pléthore de fusils ou de lances…

Rappelle-toi donc des gardes de ton parent Silmakha DIOP et de ceux de ton neveu Samba Laobé ; rappelle-toi leurs cargaisons de fusils. Réussirent-ils le moins à s'interposer entre eux et l'Ange de la Mort lorsque celui-ci leur advint ? Évoque aussi les puissantes armées de tes aïeuls, celles de tes pères et celles de leurs prédécesseurs. [Que sont-elles aujourd'hui devenues ? De quel avantage leur est, en ce jour, ce pouvoir terrestre dans leurs tombes solitaires ?]

Veille donc à renouveler ton repentir, en rendant les biens injustement acquis à leurs ayants droit légaux et en demandant pardon au SEIGNEUR. Si jamais tu disposes de dettes auprès des créatures, prends soin de t'en acquitter car tu ne seras quitte avec elles qu'à la condition de restituer pleinement leurs droits [matériels et moraux]. Pour ce qui regarde, à présent, le beau fixe de tes rapports avec DIEU, il s'acquiert à travers ta sincère quête de Son Pardon et ton réel repentir auprès de LUI. Hâte-toi donc de libérer ton cou du carcan des droits des Musulmans avant que ne t'advienne la Certitude (la mort) !

Sache enfin que ne te seront profitables auprès de ton SEIGNEUR [à l'Au-delà] que les actes exclusivement accomplis en vue de Sa Face Sublime…

Ceci constitue l'Absolue Vérité ne souffrant d’aucune sorte d'objection. Si tu consens à te conformer à ces recommandations, ce sera à ton propre profit. Autrement, tu en assumeras seul les conséquences.

L'auteur de ces recommandations en ta faveur, du nom de Ahmadou [Bamba] ibn Muhammad Mbacké, se considère comme le plus indigent d'entre les indigents des serviteurs qui aspirent à DIEU - son MAÎTRE et SEIGNEUR Qui Se Suffit à LUI-MÊME en dehors de quoi que ce soit d'autre. Puisse DIEU, le TRÈS-HAUT, agir à son endroit à travers Ses Attributs d'Infinie Compassion, LUI le DÉTENTEUR DE L’INDULGENCE… »

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