lundi 9 novembre 2015

« L'Afrique peut elle s'inspirer du Mouridisme pour son développement? » (par Cheikh Fatma Mbacke)

Assalamou aleykoum, wa salamou wa Assalamou Aleykum ala Rassoulil Laah
Je commencerais par féliciter les conférenciers pour le brio avec lequel ils ont traité le thème. La pertinence du sujet trouve tout son sens dans le fait qu'il constitue une continuité et un complément par rapport a la conférence sur l'universalité du message de Cheikh Ahmadou Bamba que Serigne Same Bousso avait exposée à Lambaréné samedi dernier (24 octobre 2015).
Oui quand on parle d'universalité, la cohérence voudrait qu'on parla aussi de partage des enseignements du Cheikh avec toute l'humanité en commença naturellement par l'Afrique.
Je voudrais ici apporter une petite clarification sur le thème. Quand on parle de l'Afrique qui devrait s'inspirer de l'enseignement du Cheikh pour son développement, certains africains pourraient se poser la question de savoir pourquoi le Sénégal est resté comme toutes les nations africaines un pays sous-développé, voir pauvre, alors qu'il est le pays d'origine de Cheikh Ahmadou Bamba?
C'est une point légitime mais la vraie question je pense, devrait être: pourquoi depuis l'indépendance en 1960 le Sénégal en tant que Etat, en tant que Nation n'a pas cherché à bâtir son développement autour de valeurs, de modèles endogènes inspirés de l'enseignement de ses grands penseurs dont le plus prolifique est sans aucun doute Cheikh Ahmadou Bamba?
Nous le savons, au temps colonial, la politique envers les différentes confréries islamiques consistait à les diviser pour mieux régner et à essayer de susciter la rivalité entre elles. Rappelons qu'un des objectifs de l'Exil du Cheikh ici au Gabon était de faire oublier son enseignement à ses fidèles. Après un échec cuisant et son retour triomphant au Sénégal, il ne restait aux français que de mettre en place une politique cynique d'exacerbation artificielle des rivalités entre les confréries afin d’endiguer l’expansion de la Mouridiya. Malheureusement pour le Sénégal cette politique n'a pas été totalement abandonnée par les administrations post indépendances. On met de côté par exemple, tout enseignement du Cheikh sous prétexte que s'inspirer de lui pourrait frustrer les autres confréries. Ainsi un jeune sénégalais peut faire tout son cursus scolaire, du primaire à l'université sans quasiment jamais rencontrer Cheikh Ahmadou Bamba dans ses cours.
Pourtant comme l'ont montré les conférenciers, on peut bien s'inspirer du Mouridisme dans le cadre de l'effort de mobilisation nationale pour le développement du Pays sans pour autant que toute la population devienne nécessairement mouride. S'inspirer du Cheikh comme penseur authentiquement sénégalais, authentiquement africain, ne serait qu’intelligence et pragmatisme. D'autant plus que les mourides ont amplement montré leur efficacité et leur capacité économique. Ils rayonnent dans tous les domaines économiques : agriculture, commerce, transport, émigration etc...Ce n'est pas un hasard si les deux premiers milliardaires connus au Sénégal étaient des mourides. Donc les fideles du Mouridisme ont très clairement montré par leurs actions, que l'enseignement du Cheikh constituait bien une niche non encore exploitée a sa juste mesure.
Je terminerais par rappeler un autre exemple des enseignements du Cheikh, à la suite de ceux nombreux cités par les conférenciers, sur lequel on devrait beaucoup méditer. C'est la notion de compter d'abord sur soit pour toute entreprise, pour tout projet. Quand il a appelé ses mourides a mobiliser des fonds par des contributions pour l'édification de la grandes mosquée de Touba, Cheikhoul khadim a dit qu'il a voulu leur enseigner à ne pas compter sur des financements extérieurs mais a compter d'abord sur eux même pour tout projet, car celui qui finance détient le pouvoir sur vous. Cet enseignement a été si bien assimilé qu'aujourd'hui, prenant la suite de ses devanciers, l'actuel khalif de Serigne Touba, Cheikh Sidy Moukhtar Mbacke en est la parfaite illustration avec ses très grands projets dans la grande mosquée de Touba, dans celle de Massalik Al-Jinane a Dakar et a l'université de Touba entre autres.
Apres 55 ans d'indépendance nos pays d'Afriques n’ont pratiquement compté que sur l'aide au développement venant des pays extérieurs. Cette aide n'a fait que nous endetté sans nous apporter le développement. Aujourd'hui beaucoup de nos pays sont dans l'impasse! Il est donc temps de trouver d'autres voies qui s'inspirent du génie africain pour un développement endogène. Cheikh Ahmadou Bamba est clairement une solution a cette équation, les conférenciers l'ont bien démontré. L'Afrique, en commençant par le Sénégal a tout intérêt à s'inspirer de sa pensée, de son enseignement, de l’exemple pratique de ses mourides, pour son développement.
Cheikh Fatma Mbacke
Ingénieur informaticien
Chercheur mouride
cheikhfatma@yahoo.com
www.cheikhfatma.com

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